dimanche 9 janvier 2011

Enigme



L’abécédaire fera quelques pauses ludiques pendant son déroulement  en proposant des énigmes de toutes sortes.

Voici la première :

« Aujourd’hui on enterre un écrivain.  Comme une dernière manifestation. Une foule inattendue, silencieuse, respectueuse et anarchique bloque les rues et les boulevards autour du cimetière Montparnasse. Combien sont-ils ? Trente mille ? Cinquante mille ? Moins ? Plus ? On a beau dire, c’est important d’avoir du monde à son enterrement. Si on lui avait dit qu’il y aurait une telle cohue, il ne l’aurait pas cru. Ça l’aurait fait rire. Cette question ne devait pas beaucoup le préoccuper. Il s’attendait à être enterré à la sauvette avec douze fidèles, pas avec les honneurs d’un Hugo ou d’un Tolstoï.  Jamais dans ce demi-siècle, on n’avait vu autant de monde pour accompagner un intellectuel. A croire qu’il était indispensable ou faisait l’unanimité. Pourquoi sont-ils là, eux ? Pour ce qu’ils connaissent de lui, ils n’auraient pas dû venir. Quelle absurdité de rendre hommage à un homme qui s’est trompé sur tout ou presque, fourvoyé avec constance et a mis son talent à défendre l’indéfendable avec conviction. Ils auraient mieux fait d’aller aux obsèques de ceux qui avaient raison, qu’il avait méprisés et descendus en flammes. Pour eux, personne ne s’est déplacé.


Et si, derrière ses échecs, il y avait autre chose, d’admirable, chez ce petit homme ; cette rage de forcer le destin avec son esprit, d’avancer envers et contre toute logique, de ne pas renoncer malgré la certitude de la défaite, d’assumer la contradiction d’une cause juste et d’un combat perdu d’avance, d’une lutte éternelle, toujours recommencée et sans solution. »

                     Jean-Michel Guenassia, Le Club des Incorrigibles Optimistes, 2009

De qui s’agit-il ?

4 commentaires:

Flocon a dit…

Oui mais alors là c'est trop facile...

Jean-Saul Partre!

ZapPow a dit…

C'est sympa comme jeu, mais il faudrait, pour que ce soit vraiment un jeu, que les réponses n'apparaissent pas avant un certain temps (commentaires modérés). Parce que là, arrivant après Flocon, on est tout de suite ou renseigné, ou influencé.

Christine a dit…

Bravo Flocon!

Vous avez raison ZapPow! Je n'y avais pas pensé! Je vais voir ce que je peux faire pour la prochaine fois...

Oui, c'était assez facile pour des gens de notre génération n'est-ce pas, parce que qui lit encore Sartre aujourd'hui?

J'ai bien aimé l'incipit de ce bouquin, sans concession... et pourtant assez tendre. Ce livre raconte les désillusions de la génération de l'après guerre: le narrateur est né en 1947. Son frère, né en 1940, s'engage au P.C.F, milite pour l'indépendance de l'Algérie. Lui, il aime le rock, la littérature, la photographie... et écoute Bill Haley, Elvis, Buddy Holly, Little Richard, sur un Teppaz à deux vitesses... une époque que je n'ai pas complètement connue, j'avoue, mais que j'imagine bien parce que, bien que plus jeune, j'en ai ressenti les "effets".

Pierre a dit…

À propos du temps nécessaire pour que chacun réponde, La boîte à images, qui a pour spécialité les énigmes et jeux, proposait une date où la bonne réponse et les résultats seraient donnés (par exemple au bout de trois jours) et demandait que les participants lui envoient leur réponse par mail. Ce qui permettait de publier une autre note "commentable" entre temps.