vendredi 18 février 2011

Zut, on a encore oublié Madame Freud...

 "Comprends-moi, Sigi, je n'ai jamais été violée par un vieux directeur de collège, elle rit, et je n'ai même jamais été pensionnaire, tu connais ma mère ! J'appelle ça mes phantasmes et comme ça je vis très très bien, mais quand j'essaie de les chasser, c'est à proprement parler infernal, alors je les accepte, je les dorlote, les cultive ! Elles, tes clientes, éducation ? religion ? conformisme ? je ne sais, les refusent et tout s'abîme alors en elles.
- Tes phan.... quoi ?
- Mes phantasmes, mein liebe lapin.
  Barbe en avant, debout, il écume Sigmund Freud, déchiré de jalousie, décidé à ne plus jamais la toucher -"elle me trompe dans mes bras"- et exulte dans le même temps ! La terre s'ouvre, tout ce qu'il apercevait, tout ce à quoi il était incapable de donner un nom mais qui était là, étouffant ses malades, Martha, sa petite bourgeoise, sa gentille, sa douce , sa parfaite, son économe a trouvé. Martha Freud, née Bernays, son épouse, la mère de ses cinq enfants et bientôt six, depuis son enfance joue avec cet imaginaire et y trouve un merveilleux équilibre de vie ! Pas de vapeurs, pas de crise, pas de paralysie, pas d'hystérie chez Martha! Ordonnée, précise comme toujours, elle a même trouvé le mot: phantasme.
... Il court, le docteur Freud, court dans son bureau et écrit, écrit. Ce soir, elle lui a donné la Clé!"

                   Zut, on a encore oublié Madame Freud, Françoise Xenakis, Lattès,  1985


10 commentaires:

Anonyme a dit…

il écume Sigmund Freud, déchiré de jalousie

His obsessive jealousy surfaced repeatedly.

He warned Martha against making friends with artists, as they needed only to write a song to unlock a woman's heart. He had only science, and microscopes can't woo women. When Martha told him of a skating rink she wanted to try, at first he ordered her to stay away - if she slipped and fell, a man might touch her. Then he wrote to say she could go, but only if she didn't do so with a man holding her.

Christine a dit…

Merci de l'article que j'ai compris dans l'ensemble, Anijo.
Françoise Xenakis, dans ce livre, parle des épouses des génies: ainsi en plus de Madame Freud, il est question de Madame Marx, Madame Mahler, Madame Hugo et même Madame Socrate. Si j'ai choisi de publier un extrait de Madame Freud, c'est qu'elle me paraissait avoir été la moins malheureuse et la moins "esclave" de son génie de mari. Il faut prendre ce livre au niveau où il prétend se placer: Xenakis a lu beaucoup des biographies de ces hommes et de ces femmes, mais elle le dit d'emblée "Amateurs, amatrices de biographies historiques n'entrez pas ici, ce roman n'est pas pour vous. Certes, j'ai lu maints et maints livres sur les maris et je sais la plupart de leurs oeuvres mais partant de dates et de faits réels je leur ai fait très souvent dire autre chose, sûre, absolument sûre que c'était moi qui étais dans le VRAI."

En tout cas, quand on referme ce livre - de qualité inégale, il faut le dire- on trouve que tous ces maris sont horribles! La vie de Madame Marx a été affreuse et ne parlons pas de Gustav Mahler dont certaines lettres citées montrent qu'il a interdit à sa femme de composer! Deux soleils sous un même toit, cela n'est pas possible!On dit que les authentiques génies sont condamnés à ne pas vivre vraiment, et que leurs femmes ont été prévenues de la "maladie" qui s'emparait d'eux: "aide-moi, aide-moi, écoute-moi, accepte tout, comprends tout, fais-toi douce quand je le veux,lascive, sauvage quand je le le veux et n'oublie pas de payer le gaz, démerde-toi pour les impôts et fais en sorte que les mômes ne fassent pas de bruit parce que je crée, MOA !" Si on inverse la donne, femme génie, mari toutou, est-ce que ça marche , dites ?

Anonyme a dit…

Deux soleils sous un même toit, cela n'est pas possible!

C'est rare, mais c'est possible. Il y a, par exemple Marie et Pierre Curie.

Si on inverse la donne, femme génie, mari toutou, est-ce que ça marche , dites ?

Oof, seulement avec une minorité des hommes je crois.

Christine a dit…

Xenakis cite M. Menighini, l'époux de la Callas.

Oui, tu as raison, Pierre et Marie Curie, bien sûr!

Anonyme a dit…

Y a aussi Judit Polgár et Gustav Fonts.

Peut-être Émile du Châtelet et Voltaire, mais il était son amant et pas son mari.
De ses divers amants, c’est Voltaire qui a eu sur elle le plus d’influence, l’encourageant à approfondir ses connaissances en physique et en mathématiques, matières pour lesquelles il lui reconnaissait des aptitudes particulières, la considérant supérieure à lui-même en ce domaine de la « Philosophie Naturelle», car c'est ainsi qu'on appelait à l'époque les sciences physiques.

Christine a dit…

Effectivement, il y a des exceptions qui confirment... la règle. Rires!

Je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam dame Polgár. Une championne donc! Merci de ta documentation toujours très judicieuse, Anijo!

ZapPow a dit…

À propos de phantasme, cette orthographe est préconisée pour faire la distinction entre l'inconscient, le phantasme, et le conscient, le fantasme. Dans le cas présent, il me semble que Martha parle de fantasmes.

Serais-je un micro-entomologiste ?

Christine a dit…

Oui, oui, vous en êtes un, mais c'est plutôt tant mieux! Je ne connaissais pas ce distingo. Xenakis non plus, je suppose.

Flocon a dit…

Judit Polgár est bien connue des joueurs d'échecs et Anijo est une très bonne joueuse d'échecs. Elle a participé à de nombreux tournois, a étudié les grands maîtres etc. One's better not mess around with her ;-)

(Il ne faut pas s'y frotter...)

Christine a dit…

Anijo a beaucoup de talents cachés!
Je n'ai jamais dépassé le stade des "dames"!