Cette lettre, inspirée largement de celles des Liaisons dangereuses, (merci à Choderlos, car j'ai honteusement plagié quelques lettres de la Présidente de Tourvel pour construire cette énigme!), raconte un épisode d'un célèbre ouvrage de la littérature française. Quel est cet épisode? Quel est l'auteur de cette lettre? A qui est-elle destinée? Et enfin quel est le titre de cette œuvre?
Nomade, Jaume Plensa, 2007 |
"Je ne voulais pas vous écrire, Monsieur, et peut-être l’embarras que j’éprouve à choisir mes mots en ce moment est-il lui-même une preuve qu’en effet je ne le devrais pas. Cependant, je ne veux vous laisser aucun sujet d’espérer : je veux vous convaincre que mon silence devant votre méfait, en cette après-dînée, ne saurait signifier une quelconque faiblesse de mon coeur. La raison voulait que je vous demandasse l’objet que vous aviez dérobé mais en le demandant publiquement je risquais d’apprendre au monde les sentiments que vous avez pour moi. Vous en prier en particulier vous encourageait à m’entretenir d’un sentiment dont vous ne pouviez douter que je m’en trouvasse offensée.
Abusant de ma retenue, vous n’avez pas craint de m’exposer à une surprise dont l’effet aurait pu être interprété défavorablement pour moi, par les personnes qui nous entouraient. Ce moment de trouble, vous l’avez fait naître et loin de chercher à en distraire ou à le dissiper, vous avez paru mettre tous vos soins à l’augmenter encore. Par une inconséquence bien incompréhensible, attachant votre regard au mien en cet instant où je vous surprenais, vous n’avez cessé de fixer sur moi ceux du cercle, dans un moment où j’aurais voulu pouvoir même me dérober aux miens. Forcée par vous au silence et à l’immobilité, vous n’en avez pas moins continué de me poursuivre : au moment de vous retirer, votre audace vous a encouragé à murmurer des mots insensés sans attendre ma réponse, m’exhortant à feindre d’ignorer le geste que vous aviez osé faire.
Chérie d’un mari que je respecte, mes plaisirs et mes devoirs se rassemblent dans le même objet. S’il existe des plaisirs plus vifs, je ne les désire pas ; je ne veux point les connaître. En est-il de plus doux que d’être en paix avec soi-même, de n’avoir que les jours sereins, de s’endormir sans trouble, et de s’éveiller sans remords ? Vous m’écrivez votre joie : je vous confie les vifs remords que votre conduite et votre lettre me causent. Cessez donc, je vous en conjure, cessez de troubler un cœur à qui la tranquillité est si nécessaire. Cette lettre est la première et la dernière que vous recevez de moi."
Abusant de ma retenue, vous n’avez pas craint de m’exposer à une surprise dont l’effet aurait pu être interprété défavorablement pour moi, par les personnes qui nous entouraient. Ce moment de trouble, vous l’avez fait naître et loin de chercher à en distraire ou à le dissiper, vous avez paru mettre tous vos soins à l’augmenter encore. Par une inconséquence bien incompréhensible, attachant votre regard au mien en cet instant où je vous surprenais, vous n’avez cessé de fixer sur moi ceux du cercle, dans un moment où j’aurais voulu pouvoir même me dérober aux miens. Forcée par vous au silence et à l’immobilité, vous n’en avez pas moins continué de me poursuivre : au moment de vous retirer, votre audace vous a encouragé à murmurer des mots insensés sans attendre ma réponse, m’exhortant à feindre d’ignorer le geste que vous aviez osé faire.
Chérie d’un mari que je respecte, mes plaisirs et mes devoirs se rassemblent dans le même objet. S’il existe des plaisirs plus vifs, je ne les désire pas ; je ne veux point les connaître. En est-il de plus doux que d’être en paix avec soi-même, de n’avoir que les jours sereins, de s’endormir sans trouble, et de s’éveiller sans remords ? Vous m’écrivez votre joie : je vous confie les vifs remords que votre conduite et votre lettre me causent. Cessez donc, je vous en conjure, cessez de troubler un cœur à qui la tranquillité est si nécessaire. Cette lettre est la première et la dernière que vous recevez de moi."
Pour permettre à chacun de répondre en toute indépendance d'esprit, envoyez votre réponse par mail à xtinemer@gmail.com.avant lundi soir.
Le nom de l'heureux gagnant sera proclamé mardi 18 janvier.
Amusez-vous bien!
Il s'agissait de La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette, roman publié en 1678. On a dit de ce roman qu'il était "le premier grand roman moderne", un roman d'analyse; il représente aussi l'entrée en scène des premières intellectuelles et notamment des Précieuses, mouvement féminin d'émancipation... dont Molière a raillé les abus dans une célèbre farce.
La lettre que j'ai inventée de toutes pièces relate le vol du portrait, une miniature qui appartenait à Monsieur de Clèves: c'est donc la Princesse qui écrit au duc de Nemours- le voleur- pour lui expliquer les raisons de son silence, alors qu'elle l'a vu voler l'objet.
Bravo à Pierre et ZapPow qui ont trouvé la réponse!
Pour lire ou relire le passage dont il est question, je vous invite à aller ICI.
15 commentaires:
Cette lettre est un plagiat. Elle imite des fragments de lettres des Liaisons dangereuses, en l'occurrence celles rédigées par la Présidente de Tourvel à Valmont.
MAIS cette lettre contient un indice qui révèle que son auteur et son destinataire sont des personnages (un couple!) qui appartiennent à une autre roman célèbre de la littérature française. Interrogez-vous sur ce fameux objet dérobé, qui met l'auteur de la lettre dans une position pour le moins délicate. Vous trouverez alors de qui il s'agit, et vous aurez le nom du livre. A condition que vous l'ayez lu, dans votre jeunesse...ou à un autre moment de votre vie.
Je m'aperçois que c'est un art - que je ne maîtrise pas!- de rédiger des énigmes en voulant échapper au monsieur-je-sais -tout qu'est le web!
Je sèche. Et le monsieur-je-sais-tout sèche lui aussi.
C'est donc une très belle énigme, si le web lui-même est KO.
Et Anijo-je-ne-sais-pas-trop sèche aussi.
Peut-être une énigme trop dure, ZapPow?
Un indice pour vous aider...
L'héroïne de ce livre vit à l'époque de la duchesse de Valentinois, laquelle vécut vingt ans avec le roi dont il est question dans ce livre. On prétend qu'elle aurait été la maîtresse du père,avant d'être la favorite (très influente politiquement) de ce jeune roi (20 ans plus jeune qu'elle). On raconte même qu'elle aurait eu la "charge" de déniaiser ce dauphin.
Pourquoi un seul gagnant? Ne peut-il y en avoir plusieurs?
J'ai répondu mais la réponse semble n'être pas parvenu.
Par contre l'inscription à Gmail m'a fichu en l'air mes coordonnées Blogger (Eh oui, c'est Google aussi).
Bon, puisque c'est postérieur à De Laclos je pense à Balzac ou Stendhal
"Cette lettre est la première et la dernière que vous recevez de moi"
Il me semble avoir lu cette phrase chez l'un des deux.
J'ai lu Madame Bovary et Le Rouge et le Noir. Mais je ne me souviens pas de cette épisode in either instance.
Perhaps something by Dumas? Maybe Constance Bonacieux?
Anijo,
Madame Bovary is from Flaubert as you now and this kind of prose wasn't his genre.
On peut penser à La Chartreuse de Parme.
Alexandre Dumas aurait pu s'amuser à cette récréation en effet mais je vois mal Mme Bonacieux (c'est dans Les Trois mousquetaires n'est-ce pas?) s'exprimer ainsi.
(Je suis très mauvais à ces jeux quand ce n'est pas très facile...)
Et pourquoi n'y aurait-il pas de gagnante?
Avec l'indice de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, je dirais que le roman est "La princesse de Clèves", de la marquise de Lafayette, et que c'est la princesse qui écrit au duc de Nemours après qu'il eût volé son portrait.
Bravo ZapPow! Vous êtes l'heureux gagnant avec Pierre qui m'a envoyé sa réponse par mail!
Désolée pour l'embarras causé, Flocon! Tout ça à cause d'une Princesse et de son tendre amant auquel elle résistera jusqu'au bout!
Anijo, bravo pour tes lectures très choisies! Non, pas de Dumas sous ces mots, mais une femme, du XVIIème qui ose un roman d'analyse en ce siècle de théâtre et d'hommes, souvent des courtisans de Louis XIV, serviles, hypocrites et aussi délurés que leur souverain.
18 janvier 2011 14:36
Bon, il faut que j'aille m'acheter un chapeau, j'ai brusquement changé de tour de tête.
La tête ou les chevilles, ZapPow?
Bravo ZapPow! Chapeau bas de ma part!
Bien que je ne porte pas un chapeau, chapeau ZapPow ! ;)
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