« Vous allez cultiver des fleurs, Jourdan ? – Oui, madame Hélène. – Ça se vend bien ? – Ça ne se vend pas, dit-il, c’est pour moi, vous pourrez en prendre tant que vous voudrez. »
« Et qu’est-ce que vous allez en faire, Jourdan ? – Rien, dit-il, comme ça, pour le plaisir. J’en ai assez de faire du travail triste. » Jean Giono, Que ma joie demeure,1936
Que 2011 vous apporte santé et puissiez-vous, chaque jour, cueillir l'instant!
13 commentaires:
Ah ben on y prend goût alors à l'édition en ligne...
Je n'ai pas lu Que ma joie demeure mais je me souviens bien des couvertures du Livre de Poche des années 60.
Ce titre en particulier m'intriguait tout particulièrement à 10 ans.
A y repenser je me demande si nous ne faisions pas de dictées extraites de romans de Giono aussi. Il n'y avait donc pas que L'orme du mail...
Finalement j'ai lu Un roi sans divertissement l'an dernier (2009 encore) après avoir lu la relation que le titre entretenait avec la pensée de Pascal.
Un beau roman en effet.
L'article de Wiki est digne d'une thèse de troisième cycle!
Eh bien que l'année qui s'approche (6h30) soit celle de l'avènement de En pente douce qui se verra, nul n'en doute, référencé comme il se doit sur Google.
Et que sous les pas de la rédactrice en chef s'épanouissent mille et une fleurs de lotus ,-)
Ça me rappelle un de mes locataires, dont je ne sais si je dois l'appeler ainsi, puisque je lui ai laissé la jouissance d'un studio, en échange de quoi il s'occupe du jardin. Comme il n'a pas de travail, je lui ai dit qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, me fournir en légumes, et vendre tout ce qu'il voulait pour se faire de l'argent. Il a répondu qu'il ne vendrait rien, mais qu'il donnerait, ce qu'il fait.
Comme il faut tout de même, malheureusement, gagner sa vie, il a fini par se trouver un métier : démarreur de jardin ! Mon jardin s'étant mis à faire des envieux, il fait les travaux de débuts de jardins chez d'autres, notamment des personnes âgées, avec premiers semis, les accompagnant jusqu'aux première récoltes. À ce qu'il m'a dit, les clients se multiplient, et ça paie bien.
C'est un joli métier, démarreur de jardin.
Bonne Année Christine. Et bonne cultivation de ton jardin.
Flocon,
Oui, on y prend goût surtout quand les notes sont intelligemment commentées, en toute simplicité!
Giono, j'ai une longue histoire avec lui! Je l'ai découvert au lycée avec Regain et les deux autres romans de la trilogie, Colline et Un de Baumugnes.
En 2009, tout comme vous, j'ai lu Un roi sans divertissement, un très beau roman très mystérieux construit en quelque sorte autour de l'Arbre, un hêtre.
Et puis cette année, j'ai découvert cette pépite: Que ma joie demeure. Le titre inspiré de la cantate de Bach, Jésus, que ma joie demeure , donne au roman une valeur de parabole: Bobi est un "messie" venu apporter aux hommes (des paysans isolés) du plateau de Grémone, malades d'égoïsme, de solitude, d'ennui, une parole nouvelle et une quête de la joie. Mais réduire le roman à une dimension religieuse est abusif. Il donne à la parabole une forme d'utopie, sur laquelle je reviendrai dans un prochain billet, autour du personnage de Zulma. Giono développe dans ce roman "une philosophie du moins": moins d'argent, moins de travail mais plus de temps...
L'épisode des fleurs est le premier qui augure ce changement: Jourdan, un des personnages, sème l'inutile. Mais cet acte réapprend aux hommes à faire plaisir, se faire plaisir et communiquer enfin, en partageant le temps. Ainsi, déjà, l'homme change ses pratiques.Ensuite, tout au long du roman, Bobi va pousser les hommes à changer les modalités de leur travail, à mettre leurs terres en commun, à partager des plaisirs et petit à petit à se "défaire" de l'argent inutile, celui que ces paysans amassent dans leurs armoires, qui ne sert à rien et qui ne les guérit pas de cette "lèpre".
Je croyais que vous ne lisiez que des oeuvres philosophiques et je découvre que vous lisez aussi des romans. Tant mieux!
ZapPow,
Votre histoire est la parfaite illustration de cette philosophie que développe Giono dans son roman, comme je viens de l'expliquer à Flocon. Mais elle est bien plus que cela! Elle pourrait être la matière d'une nouvelle singulière et une parabole elle aussi mais bien ancrée dans la réalité. Quelle formidable expression vous avez! "Le démarreur de jardins". Une histoire qui fait du bien dans cette société où règne le toujours plus sans qu'on se pose une seule fois la question: Pourquoi?
Vous êtes un vrai raconteur d'histoires! On en redemande encore!
Anijo,
Merci de tes voeux et moi aussi je te souhaite une bonne année riche en découvertes et en rencontres!
Je vais essayer de cultiver ce jardin, oui! (on dit plutôt "culture" que "cultivation"). Je ne pourrai pas non plus publier quotidiennement, ni même tous les deux jours. J'espère pouvoir publier des billets 2 fois par semaine pour avoir le temps de les écrire et aussi répondre aux commentateurs/trices! C'est aussi très important...
Il y a l'écrivain qui accompagne notre adolescence. Celui qu'on croit avoir découvert tout seul, et dont on pense n'être redevable à personne, dans son entourage, des moments heureux que la lecture de ses romans nous offre. Celui auprès de qui - tel un tuteur - on grandit, on se construit.
Jean Giono fut pour moi celui-là.
À noter que si l'on veut prolonger le plaisir de lecture d' "Un roi sans divertissement" en compagnie d'un écrivain contemporain on peut lire "L'enjoliveur", de Sophie Chérer (née en 1961), publié chez Stock en 2002.
Il est vrai que les auteurs découverts pendant notre adolescence et que nous avons dévorés (ou repoussés), nous marquent à vie, que nous le voulions ou non. Nous leur gardons une tendresse(ou une haine) incommensurable, à la hauteur du plaisir (ou de l'agacement)suscité. Parce qu'ils appartiennent définitivement à notre jeunesse...
J'ai grandi à Aix-en-Provence, me suis promené le long des berges de la Durance, ai joué au pied de la Montagne Sainte-Victoire, et ai gardé depuis une affinité particulière avec Giono, Pagnol, et tout ce qui parle de la Provence. Il y a bien longtemps que je n'y ai mis les pieds, mais d'une certaine façon, j'en suis resté proche.
Pourtant, cette année, ma seule et unique résolution me dirige plein nord, en Islande : j'ai décidé de lire tout ce qu'a écrit Halldor Laxness, après être tombé sur des extraits de ses œuvres qui m'ont autant impressionné que la seule que j'avais déjà lue dans son intégralité, "Station atomique".
Flocon, si tu ne connais pas les romans de Laxness, je crois qu'ils te plairaient.
C'est un auteur que je ne connais pas et au vu de la notice Wikipédia, j'ai bien envie de le lire: son itinéraire m'intéresse beaucoup. Pour l'Islande, un de mes frères partage votre passion pour cette île! Et je vous comprends...
Il est vrai qu'en ce moment, la seule image "littéraire" que nous ayons des pays du Nord se résume à des policiers . Certes, il y a Paasilina qui est désormais traduit systématiquement; j'avais beaucoup aimé sa Douce empoisonneuse. Mais un auteur pour tout le grand Nord, c'est peu!
Aix-en-Provence, Vous devez aimer Césanne aussi, non? Se promener sur les sentiers qui longent la Sainte Victoire, c'est unique aussi! Et puis il y a les délicieux calissons,le beau musée Granet et le jas de Bouffan!
Christine,
Votre bloggeur d'élection avait commis un billet il y a maintenant plus de trois ans sur ce thème des auteurs de notre enfance/adolescence.
Les bandes dessinées aussi vous façonnent un imaginaire sans doute moins riche mais tout aussi puissant que les auteurs "reconnus". Peut-être plus pour les garçons que pour les filles d'ailleurs. Enfin, à l'époque...
C'est sympa les liens bleus hein? :-) . Le vôtre renvoie à un enregistrement de Jacques Loussier (auteur de la bande son du Thierry la Fronde de mes 12 ans) dont j'avais téléchargé une bonne quarantaine de reprises des œuvres de Bach à sa façon. C'était au temps de Kazaa light+.
"Je croyais que vous ne lisiez que des œuvres philosophiques et je découvre que vous lisez aussi des romans"
L'année dernière j'étais plongé dans la philo et probablement encore cette année. Mais il m'est arrivé de lire quelques romans dans ma vie ;-).
A 13 ans? 15 ans? je ne sais plus, allez savoir pourquoi, je me délectais du théâtre de Giraudoux. J'ai dû lire aussi Siegfried mais je ne m'en souviens plus.
ZapPow,
Je me souviens que tu avais mentionné Station atomique dans un commentaire il y a peut-être deux ans.
Il se trouve que j'ai vendu les livres de H. Laxness quand je travaillais pour son éditeur français dans les années 70, bien avant que merbel ne passe son Bac...
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