lundi 16 mai 2011

Yeux (florilège)

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire   
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

Aragon, Les Yeux d'Elsa, 1942




La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. 

Eluard, Capitale de la douleur, 1926



La mort viendra et elle aura tes yeux
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,

sourde, comme un vieux remords
ou un vie absurde; Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.

Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches

 au miroir. O chère espérance,
Ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.


                               Pavese, août 1950
                                 

6 commentaires:

ZapPow a dit…

Chers yeux si beaux qui cherchez un visage,
Vous si lointains, cachés par d'autres âges,
Apparaissant et puis disparaissant
Dans la brise et le soleil naissant,

Et d'un léger battement de paupières,
Sous le tonnerre et les célestes pierres
Ah ! protégés de vos cils seulement
Chers yeux livrés aux tristes éléments.

Que voulez-vous de moi, de quelle sorte
Puis-je montrer, derrière mille portes,
Que je suis prêt à vous porter secours,
Moi, qui ne vous regarde qu'avec l'amour.

Les yeux lointains - Jules Supervielle

Christine a dit…

Merci ZapPow de votre contribution; il y a de quoi écrire un florilège sur toute la poésie qui parle des yeux. Nous les avons à l'oeil!

Calyste a dit…

"L'œil était dans la tombe et regardait Caïn".
D'un autre genre, c'est sûr!

Anonyme a dit…

Tes yeux aussi beaux et profonds me fait yoyoter de la touffe, yo !

chri a dit…

Dans les yeux de ma mère
Il y a toujours une lumière
Dans les yeux de ma mère
Il y a toujours une lumière
L'amour je trouve ça toujours
Dans les yeux de ma mère
Dans les yeux de ma mère
Il y a toujours une lumière

Ma mère elle m'écoute toujours
Quand je suis dans la merde
Elle sait quand je suis con et faible
Et quand je suis bourré comme une baleine
C'est elle qui sait que mes pieds puent
C'est elle qui sait comment j'suis nu
Mais quand je suis malade
Elle est la reine du suppositoire.

ARNO

Christine a dit…

Toutes vos contributions me réjouissent : l'éclectisme est toujours enrichissant! Merci à vous...