une belle santé, de belles rencontres, de belles lectures, de belles surprises, de beaux instants...
Ce billet est dédié à Anijo, Anna F., Calyste, Catherine L., Chri, Elsarave, Flocon ,Marine, Pierre et ZapPow mes fidèles commentateurs, à Cathiemini, Charles, Claire, Claude D., Eric, Frenchpeterpan, Jacques, Lancelot, Patrick et Stéphanie, lecteurs et joueurs qui m'ont encouragée et enfin à celles et ceux qui passent ici sans se faire connaître.
L'histoire du V se confond avec le U, tout ça à cause du grec qui réduisit une semi-voyelle (le wau) au rôle de voyelle. La cursive romaine a eu tendance à arrondir l'angle du V qui a donné naissance à notre U. Cependant ce V anguleux réapparaît dès le XI ème mais l'une et l'autre formes s'appliquent indifféremment à la consonne ou à la voyelle.
Ce n'est qu'au XVIIème que s'opère la séparation entre ces deux lettres; auparavant le v s'emploie surtout au début des mots et l'u à l'intérieur.
En matière d'abréviations, le V. ne chôme pas! Dans les titres il renvoie à Votre: V.A.= Votre Altesse, V.M.= Votre Majesté (au pluriel VV. MM., Vos Majestés). Dans les livres, le V. signifie Verbe ou Voyez et indique alors un renvoi. En musique, V indique les parties de violon ou veut dire Volti Tournez. En numismatique, v désignait sur les anciennes monnaies françaises les espèces frappées à Turin , sous les règne de François Ier, puis à Troyes à partir de la toute fin de l'âge classique (1698, exactement). En épigraphie, il s'en donne à coeur joie: V. ou VA.ou VVV. vale = adieu, V. ou VI. ou VXT., vixit = a vécu , VV., vivus = de son vivant.
Enfin, comme caractère numéral, il renvoie à cinq et dans la numérotation romaine, il sert à représenter les nombres 4, 6, 7 et 8 par l'addition d'un I à gauche, puis par celle d'un, de deux ou de trois I à droite. Un V avec un trait horizontal au-dessus vaut cinq mille. Certains auteurs pensent que V est la moitié du caractère X (qui vaut dix).
Le V m'ouvre bien des horizons, moins arides que ceux du W qui m'a posé quelques soucis: manque de temps pour creuser certaines notes, manque d'inspiration. J'ai comme à chaque fois le regret de ne pas avoir parlé de ceci ou de cela, de ne pas avoir évoqué tel ou tel(le). Toutes mes excuses vont à Wagner et ses Walkyries (mais il a plus d'un tour dans son sac), à Wilhelm Fürtwangler et "son cas" que je dévore en ce moment (Le cas Fürtwangler -Un chef d'orchestre sous le IIIe Reich d'Audrey Roncigli, Imago), à Watson, dont l'évidence m'a échappé, à Oscar Wilde, dont Le Portrait de Dorian Gray est un de mes livres préférés, à Weimar une ville pas comme les autres, à Madame de Warens et sa maison des Charmettes... Qu'ils me pardonnent ma flemme!
Je vous adresse, fidèles lecteurs, lectrices, commentateurs, commentatrices, toutes mes pensées amicales.
Le blog a un an: il est encore très jeune! Il vit grâce à vous. Je poursuis l'aventure. Merci.
Watteau considéré pendant la Révolution comme agent de la décadence royale, ignoré des grands romantiques du début du XIXème; C'est Baudelaire qui le réhabilitera. J'aime beaucoup ses dessins.
Watteau, ce carnaval où bien des coeurs illustres
Comme des papillons, errent en flamboyant,
Décors frais et légers éclairés par des lustres
Qui versent la folie à ce bal tournoyant;
Baudelaire, Les Fleurs du mal, Les Phares
Plus tard, Verlaine intitule un de ses recueils Fêtes galantes. Et le premier poème de ce recueil Clair de lune inspire Debussy et Fauré.
Tarzan, c'est tout un monde. A la fois le mythe du bon sauvage, comme Vendredi dans Robinson Crusoé, celui de l'enfant sauvage comme le Mowgli de Rudyard Kipling ou celui des figures fondatrices de Rome, Romulus et Rémus.
Ce personnage de fiction inventé par Edgar Rice Burroughs en 1912 ne semble pas avoir été le premier dans la littérature à incarner cet enfant abandonné dans la jungle: en effet, en 1879, un dessinateur français du nom de Robida écrivit un roman de 800 pages intitulé Les Voyages extraordinaires de Saturnin Farandoul. Si on méconnaît les aventures de ce personnage, échoué sur une île de singes après le naufrage et la mort de ses parents et qui deviendra vite un chef pour ces animaux et pour les hommes, c'est parce que la publication du livre a été très limitée. N'est pas Tarzan qui veut! Ce personnage a beaucoup inspiré son créateur- il a écrit une trentaine de romans, mais aussi d'autres auteurs. Il a inauguré dès 1929 les premiers comic strips dessinés par Harold Foster, ouvrant la voie à une longue lignée de dessinateurs de comic jusqu'en 1981. Cet homme sauvage a aussi très vite envahi les écrans de cinéma, dès 1932 avec Tarzan, l'homme-singe -une quarantaine de films jusqu'en 1997, des films d'animation, des séries d'animation.
Le Tarzan que j'ai connu enfant, c'est Johnny Weissmuller, cet Austro-hongrois naturalisé "spontanément" Américain après ses records olympiques de natation. C'est celui que nous a fait connaître notre père, toujours ému de revoir ses films parce que, petit enfant de troupe, Tarzan tout comme les cow-boys, ouvrait un espace de rêve et de joie ineffables. Tarzan n'était pas le Père Noël, mais presque...
Si vous le souhaitez, vous pouvez envoyer vos réponses à xtinemer@gmail.com avant dimanche soir.
Bon week-end à toutes et à tous! Bravo à Catherine: un sans faute. Un bravo aussi à Patrick qui n'a pas démérité! Bonne semaine!
Réponse
Le Marin de Gibraltar réalisé par Tony RICHARDSON d'après le livre de Marguerite DURAS L'Etranger réalisé par Luchino VISCONTI d'après le livre de Albert CAMUS Regain réalisé par Marcel PAGNOL d'après le livre de Jean GIONO La Mégère apprivoisée réalisé par Franco ZEFFIRELLI d'après le livre de William SHAKESPEARE Thérèse Desqueyroux réalisé par Georges FRANJU d'après le livre de François MAURIAC Le Rouge et le noir réalisé par Claude AUTANT-LARA d'après le livre de STENDHAL Le Choix de Sophie réalisé par Alan J. PAKULA d'après le livre de William STYRON Les Thibault réalisé par Jean-Daniel VERHAEGHE d'après le livre de Roger MARTIN DU GARD Le Festin de Babette réalisé par Gabriel AXEL d'après une nouvelle de Karen BLIXEN (Le dîner de Babette) Zazie dans le métro réalisé par Louis MALLE d'après le livre de Raymond QUENEAU
Un antidote à ce mois de novembre, toujours éprouvant pour moi.
Des images lumineuses et flamboyantes d'un pays que j'aime tout particulièrement. A partager et à savourer (en cliquant sur ce montage, les photos prennent de la...grandeur!)
Pourquoi me réveiller, Werther, Acte III, Massenet
Version baryton
Le même
Version ténor
Il y a des surprises formidables! Celle que m'avait réservée mon frère il y a deux petites semaines fut de taille. C'était la première fois que je mettais les pieds à la salle Pleyel ! J'ai pu y entendre Ludovic Tézier, un baryton que j'aime beaucoup et Joseph Calleja un ténor qui monte, qui monte , que je n'avais jamais entendu et dont mon frère me rebat les oreilles depuis qu'il a découvert quelques-uns de ses enregistrements ! C'était un très beau concert et Calleja nous a tous enthousiasmés.
Ces deux chanteurs nous ont même offert un inédit à la fin de leur récital avec la complicité de Frédéric Chaslin: ils ont chanté en duo Pourquoi me réveiller de Werther .C'était beau!
Hélas, il n'existe malheureusement aucun enregistrement de Werther par Calleja sur le web mais je ne résiste pas au plaisir de vous faire entendre sa voix dans un air qui vous rappellera certainement quelque chose... et qu'il a interprété ce soir-là. Instants de grâce...
On dit de Calleja qu'il est une voix qu'on retiendra. On peut en être sûr!
Je viens d'achever la lecture de Hymne, le dernier livre de Lydie Salvayre. Fort et formidablement écrit !
Ce roman est un hymne à Jimi Hendrix et à sa chanson The Star Spangled Bannerchantée le 18 août 1969 à 9 heures du matin à Woodstock. L'hymne américain revu par Hendrix et devenu Hymne, avec un H majuscule pour cet écrivain dont j'avais lu La Compagnie des spectres, il y a une certain temps et qui m'avait laissé un souvenir intense.
Lydie Salvayre dit vouloir écrire une louange à Jimi Hendrix, ce musicien américain, lui, " le trois fois bâtard, le trois fois paria, le trois fois maudit, lui dont les veines charriaient du sang noir, du sang cherokee et quelques gouttes de sang blanc, lui qui vivait avec trois coeurs battants, et peut-être davantage.
Car Hendrix était, à lui seul, un continent et une Histoire."
Une louange car la reprise de l'hymne américain par ce guitariste génial, gaucher et qui avait monté ses cordes sur sa première guitare à l'envers, brasse "dans un même choeur le sanglot des Indiens Cherokee chassés de leurs sauvages solitudes, la nostalgie des esclaves noirs qui chantaient le blues dans les champs de coton, les fureurs électriques du rock'n'roll moderne et les sons si nouveaux du free-jazz,
par le seul moyen de sa musique, il rameuta en trois minutes quarante-trois, le troupeau des Amériques qui faisaient l'Amérique et qui hurlèrent à la mort de se voir ainsi regroupées."
Salvayre, qui d'emblée annonce qu'elle n'a "rien d'une experte en musique, qu'elle n'en possède ni le savoir ni les armes", qui ne cherche pas non plus à faire de l'ombre aux biographes de Hendrix, démontre qu'en introduisant du blues, du free-jazz, des mélopées indiennes dans cet hymne, Jimi Hendrix fit acte politique. Un cri qui résonne encore en elle, "un cri plus fort que tous les mots."
L'écriture de Lydie Salvayre claque, sonne! Elle dévoile l'intime, cette admiration sans limite pour cette musique, sans jamais parler d'elle! Elle sait dire l'émotion, elle sait raconter l'enfance de John Allen Hendrix, son désarroi, sa timidité, son manager pourri, sa descente aux enfers. Elle sait aussi raconter les Noirs chassés des snacks, des plages, des cinémas, elle sait raconter le Vietnam cette guerre qui "dépassait de beaucoup la mesure d'un désastre national, une guerre qui était comme une plaie empoisonnée dans l'esprit de la jeunesse", les rockers -certains- qui inauguraient le marketing -la musique/marchandise- et qui ne pensaient qu'au fric.Oui, elle sait tout raconter, sans lourdeur, sans pédagogie, avec son coeur, avec sa franchise, avec enthousiasme, avec colère, avec passion, mais le plus superbe, le plus touchant c'est que ses mots deviennent eux-mêmes un chant, un autre hymne. Tout son livre mériterait qu'on lui prête une voix: et quelle plus belle réussite qu'un écrivain qui écrit pour la voix humaine?
J'aurais envie de vous donner à lire des passages entiers! Allez, un dernier:
"Un hymne de trois minutes quarante-trois qui fit du 18 août 1969 une date dans l'Histoire, je l'affirme et le signe
et, où, quarante ans après, nous sommes innombrables à puiser je ne sais quels élans, je ne sais quelles forces. Car je l'ai constaté en moi: aux jours de lassitude et souvent en novembre, lorsque rien n'apparaît pour me donner du sens, lorsque je sens monter une sourde tristesse doublée d'un sourd ennui, lorsque prostrée devant mon poste de télévision, je me laisse glisser dans une résignation morne, lorsque je mange sans faim, lorsque je bois sans soif, lorsque je lis des livres qui me tombent des mains, lorsque je ne peux m'empêcherde bâiller devant toutes ces protestations faites à tout propos, mais si tièdement et si mollement qu'elles portent en elles leur propre reniement, lorsque les faiseurs d'opinion me semblent acoquinés à la pire veulerie,
j'écoute The Star Spangled Banner,
j'écoute la musique d'un jeune homme qui mourut à vingt-sept ans pour la beauté."
Y- Ah! oui, tu trouves? Ce n'est pas vraiment mon impression: toi, tu es ancré dans une époque, une ville dont ton créateur est le fils. Une ville qui a eu un passé houleux, c'est le moins qu'on puisse dire! Moi, je vis dans un monde imaginaire.
X- Certes, certes, mais tous les deux, nous sommes en quelque sorte des gamins éternels.
Y- Disons plutôt que nous avons en commun le fait de ne pas avoir voulu grandir. Et on a eu raison non?
X- Moi, ça ne m'a pas trop réussi, tu sais. Quand je me suis mis à vouloir grandir, on m'a accusé d'un crime qui m'a valu un internement dans un asile. Mais ça ne m'a pas empêché de raconter ma vie, remarque! J'avais le temps. D'où ce long monologue que j'ai entrepris...
Y- Oui, et d'ailleurs ta vie est d'un grotesque! C'est pas toi dont la mère est morte d'une indigestion de poissons?
X- Ma mère, elle n'a pas supporté qu'on remplace le portrait de Beethoven par celui d'Hitler et les chansons d'amour qu'elle chantait au piano à son amant, par la radio nazie...
Y-Je comprends mon pauvre gars, mais tu as su leur pourrir la vie avec ton jouet fétiche!
X- Ah! tu te rappelles de ça, toi?
Y- On ne peut pas l'oublier!
X- Toi, non plus on ne t'a pas oublié: y a même des médecins qui se sont emparés de ton cas! Sans compter le crocodile dans la gueule duquel tu as jeté ton pire ennemi!
Y- Ce fut un sacré combat! Mais mes détracteurs disent de moi que je ne suis pas le garçon que joyeux que je semble être. Je serais incapable d'amour, je considèrerais les autres personnages comme des faire-valoirs.
X- Peu importe, va! Nous intéressons toujours quelques lecteurs. Et toi, ce sont parfois les plus jeunes qui te connaissent!
Qui sont ces deux personnages, tirés de mes très lointains souvenirs?
Si vous avez une idée et si vous le souhaitez, vous pouvez envoyer vos réponses jusqu'à dimanche soir,à xtinemer@gmail.com.
Amusez-vous bien!
Réponse:
Bravo à Catherine, Calyste, Marc et Marine: il s'agissait bien d'Oskar Matzerath du roman Le Tambour de Günter Grass et de Peter Pan du roman Peter Pan et Wendy de J.M. Barrie
La Vague, ce film allemand de Dennis Gansel sorti en mars 2009 sur nos écrans est une grande claque: cette fiction, qui relate une expérience qu'avait menée un professeur américain dans un lycée de Palo Alto en 1967 avec des élèves de première, a de quoi nous mettre très mal à l'aise; le nazisme n'est-il qu'une idée du passé, à jamais morte? Personne ne voterait pour Hitler aujourd'hui? Pas si sûr...
Dans ce film, deux professeurs sont chargés de faire à leurs élèves des cours sur l'anarchie et l'autocratie. Pour faire comprendre les mécanismes de l'autocratie, l'un des deux enseignants, Wengler, un professeur d'EPS, préfère la mise en pratique plutôt qu'un exposé. Les élèves de cette classe, différents socialement, culturellement et psychologiquement ont un point commun: plus personne contre qui se rebeller... Problème d'ancrage dans la société, comme on dit, et pourtant si vrai, même si des facteurs comme le consumérisme à outrance masquent ce désarroi.
En une semaine, après avoir établi en commun une définition du mot "autocratie", il arrive à ce qu'une classe entière la mette en oeuvre: rares sont les élèves qui critiquent et refusent cette expérience. Tout le monde au bout du deuxième jour porte une chemise blanche, puis marche au pas cadencé, se reconnaît à son salut, proclame son nom "La Vague" et propage, en une petite semaine, la terreur en dehors même de l'école. Pire! Attirés par cette société où règnent l'obéissance et d'une certaine façon la solidarité, séduits par cette autorité et cet esprit de corps, d'autres individus extérieurs à cette classe rallient le groupe. Dans le film, cette histoire, dramatisée, finit dans la tragédie: le professeur ne contrôle plus rien, le sang coule et nous, les spectateurs, nous assistons impuissants à l'affirmation d'une thèse que nous savons toujours possible mais que nous refusons toujours d'admettre: non, la bête n'est pas morte. Jusqu'où, là, dans cette salle serions-nous, chacun, capables d'aller ou de ne pas aller?
Dans la réalité, Don Ross, le professeur qui avait mené cette expérience dans un lycée pour analyser les mécanismes du nazisme et la vie quotidienne en Allemagne nazie, raconte dans un livre publié cinq ans plus tard, qu'il l'avait close d'autorité cinq jours après devant l'ampleur qu'elle avait prise et par la projection d'un film sur les procès de Nuremberg: les élèves en découvrant que "leur" Vague , fondée sur l' idéologie de la haine, développée dans le culte du secret, n'existait pas et qu'elle était une manipulation, étaient ressortis de là avec un violent sentiment de honte.
Ce film s'inspire de l'expérience de Don Ross mais pas seulement de cela. Un autre type, Todd Strasser, - un drôle de type du reste qui fabrique des fortune cookies, ces petits gâteaux où sont inscrits des devinettes!- auteur américain qui a écrit des livres pour la jeunesse, a publié un livre en 1981 qui relate l'expérience de Ross et se réfère à une expérience en laboratoire menée par un professeur de psychologie à Yale, Stanley Milgram, découvreur par ailleurs de l'expérience du petit monde, que j'ai connue grâce à Flocon. L'expérience à laquelle se réfère Strasser est celle de ces volontaires réunis dans une salle et qui doivent envoyer une décharge électrique à un patient. Ce dernier est un acteur et ne reçoit aucun courant mais les participants l'ignorent. Au bout d'un certain temps, les participant appuieront sur ordre (l' autorité médicale) sur le bouton qui envoie des décharges dangereuses et cela malgré les cris de souffrance de plus en plus insupportables. Sur les 636 volontaires, 65% obéissent à ces ordres terrifiants. La soumission - le fameux mot qu'a eu Eichmann lors de son procès "J'ai obéi"- semble détruire tous les repère moraux et la conscience...
On a de quoi frémir quand on connaît cela: dans le cas de Milgram, l'expérience se déroulait en labo mais imaginer- c'est facile en ce moment- un climat de mécontentement social, des frustrations, un esprit de revanche monté en épingle.
La bête n'est pas morte... Je la sens parfois tout près.
Il y a deux minutes, deux personnages de fiction discutaient à ce comptoir en prenant un café... J'ai pu entendre un peu de leur conversation. La voici:
Personnage A - "Alors tu l'a faite toi aussi!
Personnage B - Ah! oui et comment! Grâce à ma tante...j'ai réussi à aller à Paris et de là, je m'y suis rendu.
Personnage A - C'était héroïque, non? Même si ce fut un terrible carnage!
Personnage B - A vrai dire, j'ai vu le feu mais je n'ai pas compris ce qui se passait.
Personnage A - Comment ça, tu n'as pas "compris"?
Personnage B - Bah, j'étais avec une vivandière; elle m'a dit de changer de monture, après je me suis retrouvé avec des soldats dont j'ignorais la nationalité..j'ai même été en présence d'un haut gradé, mais je ne l'ai même pas reconnu! Puis je suis tombé de fatigue, je me suis endormi et quand je me suis réveillé, tout était fini! La cavalerie adverse sabrait.
Personnage A - Comme c'est drôle la vie! Ma femme aussi était cantinière mais on n'a pas dû se battre sur le même champ de bataille, toi et moi, dis donc! Moi, j'étais un petit sergent.. et après le désastre j'ai même sauvé un homme, dans un chemin creux où s'entassaient chevaux et cavaliers, tous morts, enchevêtrés! C'était pas beau à voir...
Personnage B -Tu es donc un héros toi? C'est pas comme moi!
Personnage A - Un héros, un héros, n'exagérons rien... Mon créateur ne m'a pas donné le beau rôle, tu sais.
Personnage B - Il t'a mis en prison comme moi?
Personnage A - Comment tu sais ça, toi ? Remarque, ils n'ont pas beaucoup d'imagination tous ces auteurs-là. Mais bon, j'ai fini par me faire la malle.
Personnage B - Ben moi aussi, figure-toi. Grâce à ma tante, encore une fois..."
A vous de retrouver l'identité des deux personnages et les événements dont ils parlent. Si vous le souhaitez, vous pouvez m'envoyer vos réponses à xtinemer@gmail.com, jusqu'à dimanche soir.
Amusez-vous bien, et bon week-end!
Réponse
Il s'agissait de Thénardier et de Fabrice del Dongo. Ils évoquaient la bataille de Waterloo: le premier dépouillait les cadavres, l'autre y a participé sans rien comprendre.
Les deux seuls gagnants sont Pierre et Catherine! Bravo à vous deux et merci à toutes celles et tous ceux qui sont venus...
Tout le monde en parlait (qui déjà ?), j'avais "loupé" la première salve de représentations la saison dernière... mais trop heureuse d'avoir pu enfin obtenir des places pour cette série de nouvelles représentations, je me faisais une joie de retourner à la Comédie, pour voir jouer du Racine, et Andromaque, s'il vous plaît! J'y allais d'autant plus confiante que je n'avais pas oublié mon plaisir à avoir vu jouer Bérénice, en 2008, aux Bouffes du Nord, dans une mise en scène rigoureuse et vivante de Lambert Wilson.
Cette soirée fut une énorme déception! Il y avait un simulacre de mise en scène, ou alors une mise en scène dont je n'ai pas encore compris à ce jour l'intention (Muriel Mayette est trop subtile pour moi), une direction d'acteurs inexistante, des pensionnaires et des sociétaires de la Comédie qui n'avaient pas, à deux exceptions près (Pyrrhus et Hermione), la tête de l'emploi: Andromaque était incarnée par une comédienne sur le retour, une disciple de Sarah Bernhardt sans doute qui déclamait son texte en s'écoutant et en regardant plus les spectateurs que le protagoniste auquel elle s'adressait, un Oreste tout freluquet qui avait sans doute un train à prendre vu la cadence à laquelle il débitait les alexandrins (et vu la longueur des premières scènes où il cause, il cause, on déraillait vite fait bien fait). Bref, à part les costumes, rien d'enthousiasmant. Une soirée où j'ai perdu mon temps. Pas que moi, d'ailleurs. Des lycéens derrière nous, n'en pouvaient plus! Agacée d'abord par leurs rires étouffés, le cliquetis de leurs touches de portables pour s'envoyer des SMS à qui mieux-mieux, je me suis vite calmée: n'ont-ils pas eu au fond une attitude saine en n'écoutant plus rien et en se distrayant comme ils le pouvaient? Les serpents qui sifflaient sur nos têtes, ce n'était pas ces ados mais ce spectacle assez affligeant. Dommage!
Fille d'un ministre des finances, parente par alliance d'un célèbre peintre né en Russie, femme d'ambassadeur, j'ai dû me réfugier dans un château dont le nom est un homophone hétérographe d'un chef de parti politique actuel.
Je dévoilerai d'autres indices si vous en avez besoin...
Excusez la présentation très spartiate de cette énigme! Je ne peux faire mieux...
Si vous le souhaitez, vous pouvez envoyer votre réponse à xtinemer@gmail.com avant mardi soir prochain.
Amusez-vous bien!
Bravo à Anna, ZapPow, Calyste, Catherine, Pierre, Patrick, Eric et Flocon. Vous avez toutes et tous reconnu cette fille de Necker, parente par son mariage avec l'ambassadeur de Suède Staêl-Holstein de Nicolas de Staël. Elle s'est réfugiée au château de Coppet, exilée par Napoléon Bonaparte; elle reviendra à Paris (en même temps que les Bourbon) et "fera salon". Merci de votre participation à toutes et tous.
J'avoue ne pas avoir lu grand-chose de cette dame, hormis quelques extraits dont je n'ai qu'un très très vague souvenir...
Ce livre de Georges Perec, publié en 1975, est un Objet Littéraire Non Identifié. Certes, c'est une autobiographie, à laquelle Perec a donné une nouvelle forme mais c'est aussi un roman. Deux récits se croisent et le lecteur est désarçonné: embarqué aux côtés de Gaspard Winckler pour mener une enquête- il faut retrouver un enfant sourd muet naufragé-, il est vite floué: l'enquête est abandonnée et se développent alors deux récits, sans rapport l'un avec l'autre, apparemment. Navigation à vue vers l'île de W, en Terre de feu, et vers Villars-de- Lans!
Peu à peu, pourtant, nous découvrons les liens qui éclairent mutuellement ces "textes" apparemment sans rapport mais pourtant alternés: celui d'un narrateur qui tente de "reconstituer dans la trame de l'écriture les fils brisés qui le rattachent à son enfance" -mais comment faire quand ses parents ont été "engloutis" par la guerre et l'extermination, que la mémoire est inefficace et que les paroles des autres témoignent à votre place?-, et un deuxième imaginé pendant l'enfance -retravaillé bien plus tard à l'âge adulte- qui présente une île utopique où les insulaires ne vivent que par et pour le sport...
Ces deux textes de par leur forme et leur intention s'opposent violemment: l'un, celui de l'enfance, est lacunaire, ""pauvre d'exploit et de souvenirs, fait de bribes éparses, de blancs, d'oublis, de doutes, d'hypothèses, de maigres anecdotes", l'autre au contraire déborde de descriptions généreuses, précises, mathématiques même. A nous en donner le tournis! A en devenir obsédantes puis kafkaiënnes pour devenir clairement-par l'allusion faite au livre de Rousset L'univers concentrationnaire par Perec lui-même, une allégorie du nazisme et de leurs usines à tuer...
C'est un livre que l'on porte en soi, quand on l'a lu. On y songe souvent: pourquoi écrire sur soi? Est-il possible d'écrire son enfance, cet univers vécu dans la totale inconscience? En quoi l'écriture répare-t-elle?
" Je n'écris pas pour dire que je ne dirai rien, je n'écris pas pour dire que je n'ai rien à dire. J'écris : j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leurs corps ; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture : leur souvenir est mort à l'écriture ; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie."
Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance, L'imaginaire, Gallimard, chapitre VIII, pages 63-64)
A l'aide des 10 affirmations suivantes, trouvez le titre de l'oeuvre mystère et le nom de son créateur...
1. A tout début de cette histoire un monstre, posté aux abords de la ville, tue ceux qui s'aventurent dans ses parages.
2. Un fantôme tente d'avertir le personnage féminin principal du malheur qui l'attend, elle et les siens. Elle ne le voit pas.
3. Le monstre est contre toute attente une jeune fille prête à tomber amoureuse du premier venu mais un chien la remet sur le droit chemin de sa mission.
4. Le premier venu en question échappe à la mort du monstre.
5. Ce héros connaît un destin glorieux et est aimé de son peuple mais il finit mal.
6. L'histoire ne date pas d'aujourd'hui.
7. L'auteur de ce "remake" est un génial touche-à-tout.
8. Il écrivit cette oeuvre en 1932 mais elle ne vit le jour qu'en 1934.
9. Il découvre un talent caché: ce jeune poète devient l'auteur de deux romans très populaires.
10. Le créateur de cette oeuvre gît au milieu des simples.
C'est le nom du réalisateur qui a reçu le Prix de la mise en scène à Cannes, en mai dernier, pour son film Drive, sorti la semaine dernière sur les écrans. Ce n'est ni un road-movie, ni un film policier de poursuite, ni un film de cascades, ni un polar. Mais pourtant c'est un peu tout à la fois, et ce tout fait l'originalité de ce film que je trouve particulièrement réussi.
Si Drive nous parle effectivement d'un conducteur et de sa parfaite maîtrise des voitures, ce film raconte plutôt la "conduite" d'un jeune conducteur, solitaire et peu disert. Driver, tel est son nom, travaille dans un garage, dont le patron , un ancien cascadeur, lui décroche parfois, le jour, des contrats de cascade, parfois, la nuit, des contrats de "braquage" beaucoup plus louches. Driver ne braque pas mais conduit et récupère les malfrats sur le lieu de leurs méfaits. Il les attend cinq minutes montre en main: s'ils sont à l'heure, il leur permet grâce à son excellente conduite et à sa parfaite connaissance de la ville tentaculaire qu'est Los Angeles d'échapper à la police, mais s'ils dépassent le temps imparti, il décampe... laissant les voleurs en plan. Le film s'ouvre sur une démonstration des talents de Driver, qui garde son sang-froid et démontre son efficacité.
Mais ce (beau) jeune solitaire sans histoires, qui vit d'une façon assez spartiate dans un appartement dépouillé, tombe amoureux de sa voisine, une femme mariée à un type qui purge sa peine pour vol et qui élève donc seule leur petit garçon. Driver tombe amoureux et la voiture devient un lieu magique pour promener la belle et le petit: beaux plans cadrés sur le pilote et sa passagère, dans la voiture, avec le jeu du rétroviseur, bande-son épatante, subtile. On roulerait bien des heures nous aussi, sur cette route désaffectée, plein soleil...
Mais le mari sort de prison: il n'est pas quitte cependant avec ceux qui l'ont protégé. Driver accepte de l'aider pour que sa femme et son fils vivent en paix... Mais l'affaire tourne mal. Notre héros change de conduite: cette fois-ci, il est hors de lui, il passe la cinquième vitesse. La violence l'envahit; c'est le prix à payer pour garantir la sécurité des êtres qui lui sont chers.
C'est un film structuré, construit même si Winding Nerf le nie dans les entretiens qu'il a pu donner depuis. Sa façon de filmer est remarquable: les plans sont souvent très serrés sur les visages et les plongées et contreplongées suffiraient presque à donner le style de ce film: un film rapide mais qui prend le temps d'installer une histoire et de camper les personnages; un film furieux mais qui sait décrire les sentiments naissants, ceux qui, malgré toute la bonne volonté du monde, n'ont jamais le dessus.
Cette fois-ci, c'est grâce aux illustrations que vous pourrez trouver les oeuvres en question ainsi que leurs auteurs. Ces illustrateurs, tous célèbres, sont pour certains d'entre eux de grands peintres, aussi. Saurez-vous les identifer?
Un bonus à celles et ceux qui trouveront en plus des oeuvres et de leurs auteurs, leurs illustrateurs. Amusez-vous bien! Comme d'habitude, vous pouvez m'envoyer vos réponses à xtinemer@gmail.com avant dimanche soir.
En cliquant sur le montage, vous l'agrandirez...
L'heureuse gagnante de cette énigme est Catherine qui a trouvé 6 titres sur 7. Non! Sa dernière réponse vient de tomber. Catherine a tout trouvé!Les 7! Ouahou! Bravissimo! Pierre et Flocon ont réussi à trouver les titres ou les illustrateurs de certaines vignettes présentées. Bravo donc à vous trois!
REPONSES
Daphnis et Chloé, de Longus, Pierre Bonnard
Les Fleurs du mal, Baudelaire, Carlos Schwabe
Le Bestiaire (l'éléphant), Apollinaire, Raoul Dufy
Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, Arthur Rackham
Les Indes Noires, Jules Verne, Jules Férat
Paroles (Cet amour), Prévert, Folon
Fables (La Cigale et la fourmi), La Fontaine, Gustave Doré
Bonne semaine à vous toutes et tous qui êtes venu(e)s jouer!
Artiste néerlandais qui a retenu toute mon attention ce soir, en regardant le journal d'Arte. Une grande rétrospective lui est consacrée à l'Institut néerlandais, jusqu'au 23 octobre. Collages, photographies, peintures... Tout ce que j'aime, et cela semble-t-il avec la plus grande liberté, et un sens aigu sur ce qui nous entoure. Le Temple de l'amour cerné par de drôles de dames, ça m'intrigue.
Vous connaissez le jeu des incipit "bidouillés" par mes soins pour lutter contre le redoutable Monsieur-je-sais-tout. Aujourd'hui, je vous propose celui des excipit! Il faut bien varier les plaisirs! J'ai de nouveau utilisé la synonymie et/ou l'antonymie ou des registres de langue différents pour brouiller les pistes. Quand des personnages étaient cités dans ces excipit, je les ai présentés sous forme d'anagramme ou de paronyme (mot à consonance voisine). Pour les dates, je n'ai rien changé.
A vous de jouer maintenant; il y a en 3 à trouver. Bonne chance!
1. J'ai écrit une bafouille à mon vieux dès que j'ai foutu les pieds à terre. J'ai capté, par le billemuche de mon frangin , la calanche de mon daron, à laquelle j'ai les grelots, avec assez dans le ciboulot, que mes conneries ne l'aient précipité dans la tombe. Le zef s' étant levé pour Sicala, j'ai pris le premier rafiot, dans le but de me rendre tout près de cettte ville, chez un brave zig de ma famille, où mon frangin m'a gratté qu'il allait battre la semelle pour moi.
2. L'un des rameaux du petit saule qui croissait dans le jardin touchait à peine le muret, et il pouvait apercevoir les plus éloignées des branches obscurcis par la nuit, avec leurs feuilles pareilles à des ailes palpitant violemment sur le fond des réverbères, les folioles en amande vernies d'un vert anis par la lumière électrique s'agitant parfois comme des panaches, comme animées subitement d'un geste singulier, comme si l'arbre dans son ensemble s'éveillait, se secouait, remuait, après quoi tout se calmait et elles retrouvaient leur fixité.
3. Grand esprit, esprit sensible et aérien, compagnon de mon corps, qui fut ton abri, tu vas monter , dans ces espaces blancs, difficiles et dénudés, où tu devras renoncer aux amusements de jadis. Une fois encore, admirons chacun de notre côté les rivages connus, les objets que nous n'apercevrons plus... Essayons d'entrer dans les limbes les yeux écarquillés...
Si vous les souhaitez, vous pouvez m'envoyer vos réponses à xtinemer@gmail.com avant dimanche soir. J'ai conscience de la difficulté: je vous donnerai des indices, si nécessaire. Amusez-vous bien!
Pas de gagnants cette semaine: Catherine,
Pierre, Calyste, Eric et Patrick n'ont pas démérité. Bravo tout de même à
vous, parce que ce n'était pas facile du tout! Enigme 1
J'écrivais
à ma famille en arrivant. J'ai appris, par la réponse de mon frère
aîné, la triste nouvelle de la mort de mon père, à laquelle je tremble,
avec trop de raison, que mes égarements n'aient contribué. Le vent étant
favorable pour Calais, je me suis embarqué aussitôt, dans le dessein de
me rendre à quelques lieues de cette ville, chez un gentilhomme de mes
parents, où mon frère m'écrit qu'il doit attendre mon arrivée.
Manon Lescaut, Abbé Prévost
Enigme 2
L'une
des branches du grand acacia qui poussait dans le jardin touchait
presque le mur, et il pouvait voir les plus proches rameaux éclairés par
la lampe, avec leurs feuilles semblables à des plumes palpitant
faiblement sur le fond de ténèbres, les folioles ovales teintées d'un
vert cru par la lumière électrique remuant par moments comme des
aigrettes, comme animées soudain d'un mouvement propre, comme si l'arbre
tout entier se réveillait, s'ébrouait, se secouait, après quoi tout
s'apaisait et elles reprenaient leur immobilité.
L'Acacia, Claude Simon
Enigme 3
Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton
hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras
renoncer aux jeux d'autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les
rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus....
Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts...
M., mon meilleur copain, celui avec qui j'avais préparé et réussi le Capes, me proposa de partir en Pologne, un pays qu'il connaissait bien. Sa mère, Polonaise, et responsable de l'association France-Pologne, l'avait emmené dans ses nombreux voyages et lui avait appris sa langue. Il avait envie de me faire découvrir ce pays dont nous parlions tant - on aimait tous les deux Gombrovicz , Kantor et Topor aussi!- et qu'il chérissait tout particulièrement...
Curieuse de ces pays dits à l'époque "de l'Est", j'acceptai. Nous partirions avec ma voiture, pour un séjour de trois semaines, en passant par la Tchéco, pays que nous pourrions seulement traverser puisque nous n'avions obtenu qu'un visa de 48 heures ...
Fin juillet, nous partîmes donc, la voiture bourrée de denrées toutes aussi improbables les unes que les autres pour l'Occidentale favorisée que j'étais: kilos de café, dont j'appris très peu de temps après que c'était "l'or noir" du pays pour négocier médicaments, essence et nourriture: il y avait aussi pêle-mêle (c'est peu de l'écrire), savon, laine, papier alu - des rouleaux par dizaines!-, épicerie sèche, antibiotiques, crèmes diverses et variées, coton, vêtements, conserves, ballons en plastique pas bien costauds, poupées bon marché, tennis, etc. Je ne sais plus exactement mais la 104 que j'avais à l'époque était pleine à ras bord. Sans oublier des dollars aussi, planqués dans nos sous-vêtements.
La première étape était, après Prague, Wrocław, la ville où nous devions retrouver Margolzata, une jeune femme, amie de la famille de mon compagnon de voyage et qui réussissait à venir en France et à "l'Ouest", grâce à la troupe folklorique qu'elle dirigeait, même si, en y regardant de plus près, elle ne dirigeait pas grand-chose, puisque sans cesse sous la surveillance de toute une police secrète qui à l'époque voyageait avec les artistes...
La première épreuve fut la frontière: les voitures occidentales étaient systématiquement fouillées. Nous eûmes "la chance" de ne pas être dépouillés de nos douze kilos de café. Nous dûmes payer l'équivalent de mille francs à l'époque- M. s'y était préparé, connaissant le tarif!- mais ma foi, ce n'était pas cher payé, d'après lui! Nous jouâmes la comédie des touristes à la fois ulcérés d'être délestés d'une telle somme et en même temps ... dociles. Non seulement on nous avait complètement "désossé" la voiture - les garnitures de portes gisaient au sol- mais en plus on nous faisait payer le prix fort! En réalité, nous nous réjouissions d'avoir toujours les dollars au chaud! J'avais heureusement échappé à la fouille au corps, la seule femme du poste frontière venait de quitter son service; les dollars destinés à la famille et aux amis étaient sauvés! Belle époque qui doit évoquer bien des souvenirs à celles et ceux d'entre vous qui se "risquaient" à franchir les frontières de ces pays camarades...
On s'en foutait! Nous étions passés avec tout notre fourniment! C'était l'essentiel...
Nous arrivâmes tard à Wrocław; Margolzata, son frère, ses parents nous attendaient. Au menu, du thé brûlant, quelques harengs en conserve, et de délicieux pounchkis!
C'était l'époque des vaches maigres: des queues à n'en plus finir pour n'avoir rien dans son cabas ou presque! Ce fut un dîner léger mais un de ceux que je n'ai jamais oubliés! Je n'avais jamais connu une telle chaleur, une telle hospitalité. J'avais l'impression de comprendre la joie et le chagrin de mes hôtes alors que je ne parlais ni ne comprenais aucun mot de polonais...
Je suis né en Suède, à Stockolm, dans la première moitié du XXème siècle. Mes parents, après s'être retrouvés, ont migré aux USA quelque temps après ma naissance.
Après des études d'art et de design, j'ai créé des collections de cartes célèbres. Dans les années 70 j'ai rencontré ma femme, une artiste et éditrice française avec qui j'ai fondé une revue, devenue célèbre.
Je connais véritablement la "gloire" dans les années 80 avec un livre racontant la vie de mes parents, le suicide de ma mère qui n'a pas réussi à "oublier"et les rapports difficiles avec mon père, survivant devenu -ironie du sort- raciste et cynique. J'obtiens un célèbre prix de mon pays pour cette oeuvre.
Je vis à Manhattan et j'ai été un témoin direct du 11 septembre. L'un de mes derniers ouvrages illustre cet événement, dont j'avais raconté des épisodes que de grands journaux américains m'avaient refusés parce qu'ils étaient "politiquement incorrects", autrement dit dérangeants. Cette oeuvre a elle aussi décroché un prix.
Qui suis-je?
Comme d'habitude, vous pouvez envoyer vos réponses, si vous le souhaitez, à xtinemer@gmail.com avant lundi soir.
Je ne pourrai vous répondre que dimanche, en fin d'après-midi.
Tous les participants ont gagné! Il s'agissait bien d'Art Spiegelman, fondateur avec sa femme, Françoise Mouly, de la revue Raw, et qui devint très connu avec Maus, récompensé par le prix Pulitzer en 1992; il a également reçu le prix de la ville d 'Angoulême en 2011, pour A l'ombre des tours mortes.
Il est le réalisateur du Cercle des poètes disparus mais ce n'est pas de ce film que je voudrais parler. Non, le film de cet australien, que j'ai revu il y a peu et que je trouve très fort, c'est The Truman Show qui date de 1998.
Le sujet ? La télé-réalité . Vaste programme!
Le scénario: un type d'une trentaine d'années mène une vie plutôt heureuse dans une cité "joyeuse" où les maisons toutes plus proprettes les unes que les autres, abritent des habitants amènes, serviables, sans problème particulier, sans sentiment belliqueux ni revendicatif . Le meilleur des mondes possibles, en somme. Sauf qu'un jour, Truman (Jim Carrey), ce "héros"simple, modeste, qui ressemble à Monsieur Tout-le-monde commence à douter de ses congénères, de sa femme, de ses voisins, de cette vie trop parfaite. Il se sent observé: il voudrait bien réaliser son rêve, partir aux îles Fidji mais dans la si jolie petite île où il vit, ce rêve semble à tous incongru, angoissant et finit par lui être interdit. On lui met de "gentils" bâtons dans les roues et peu à peu Truman se sent prisonnier. Les téléspectateurs ne sont pas aussi dupes que Truman; ils savent que ce pauvre gars est la vedette d'un programme de téléréalité à très forte audience, sans que le principal intéressé le sache. Ils savent , ces spectateurs-personnages du film, que la société de production l'a acheté avant sa naissance - c'était un gosse voué à l'abandon- et que la télévision l'a suivi depuis son existence intra-utérine jusqu'à ces jours où il a le fort sentiment d'aller voir ailleurs. Nous, les "vrais" spectateurs, nous le découvrons peu à peu, tout comme nous entrons dans les cuisines d'une émission de téléréalité : c'est évidemment édifiant! Truman arrivera-t-il à s'échapper de cet univers en carton peuplé de figurants? Se décidera-t-il à quitter un monde tranquille où il est un héros heureux pour entrer dans un monde sans pitié? Et que deviendront les téléspectateurs sans Truman?
Ce n'est qu'une fiction mais elle donne des frissons dans le dos. Nous connaissons tous les effets de ce type d'émission sur les individus qui la regardent : voyeurisme, abêtissement, décervelage, grossièreté, j'en passe. La métaphore de l'enfermement du "héros", assez habilement développée dans ce film, renvoie au propre enfermement du téléspectateur. Les participants à ces programmes de télé-réalité, enfermés dans des studios imitant le confort (le luxe?) sont-ils les seuls à l'être, enfermés, contre leur gré ?
L'ex-président de la société Endémol (créatrice du premier Loft Story) déclarait il y a quelques jours, sans une once de doute sur son visage, que "la télé-réalité est désormais totalement banalisée ". Ah oui? Cela veut-il dire que la télé-réalité ne rapporte plus autant, que les jeunes qui en sont les plus grands consommateurs n'en redemandent pas, qu'ils ne sont plus en état de confusion entre ce qu'ils voient et ce qu'ils vivent ou vivront? Aux USA et au Canada, la télévision donnait en pâture récemment la vie de l'homme le plus gros du monde...
Ce que je ressens, souvent, devant des ados captifs de ces programmes qui ont la peau dure, c'est que la télé-réalité a fait et fait toujours les mêmes ravages. Un enfermement d'esprit, inodore, incolore mais meurtrier. Comment le savoir et l'esprit critique qui s'acquièrent dans la douleur peuvent-ils faire le poids face au (pseudo) "vécu" des ces émissions animées par de "vraies" personnes?
La mystification a toujours de beaux jours devant elle... J'enrage!
Voici les anagrammes de 6 personnages d'un roman. A vous de les retrouver ainsi que le titre du roman qui les voit vivre. Enfin, quel est leur point commun?
GAILLE - HOBALER- CERFOURCAY-
SERJALON- FORECEMBRE-VAPOURIER
Amusez-vous bien! Si vous le souhaitez, vous pouvez envoyer votre réponse à xtinemer@gmail.com avant mardi soir.
Anijo et Catherine ont trouvé la bonne réponse. Bravo! Cependant, vu la rapidité avec laquelle Anijo a résolu l'énigme, elle reçoit toute mon admiration, ainsi que celle des autres joueurs, n'est-ce pas?
Il fallait donc trouver :
LAIGLE- BAHOREL- COURFEYRAC- ENJOLRAS- COMBEFERRE et PROUVAIRE, tous membres du Club de l'ABC dans Les Misérables. Ils sont tous morts sur la barricade de la rue St Denis, ou dans le café Le Corinthe, le 5 juin 1832.
Il s'appelle Claude, il est Lorrain, et il est né un peu plus de trois siècles après Claude le Lorrain, ce peintre à qui Le Louvre consacra une belle exposition il y a peu. Pourtant, Claude Weisbuch revendique "ses stimulations essentielles" d'un autre Lorrain, Jacques Callot, graveur et dessinateur du début du XVIIème qui porta son regard sur une population à laquelle les artistes de l'époque ne portaient guère attention et que les misères portaient au désespoir. Ses Grandes Misères de la guerre, ses Gueux, ses Caprices ont nourri l'oeuvre de Weisbuch et notamment ses Pantomimes extraordinaires.
Mais Weisbuch n'admire pas seulement Callot. Rembrandt, né une quinzaine d'années après Callot dans cette Hollande qui est celle des drapiers et des brasseurs, fait l'admiration de Weisbuch . Deux artistes très différents, certes! Callot , enfant exilé en Italie, fait un art de rue: il dessine sur le moment. Du dessin-reportage en quelque sorte. Rembrandt, lui, est un sédentaire; non seulement il ne s'est jamais éloigné de Leyde ou d'Amsterdam, mais il reste confiné dans son atelier: il refusait, paraît-il, d'ouvrir sa porte fût-il un monarque quand il travaillait. Mais ce qui réunit ces deux tempéraments si opposés, c'est le regard qu'ils portent sur les hommes: la compassion à l'égard de la souffrance , la sympathie pour les humbles, l'étonnement devant la cruauté. A l'oeil tendre et fugace de Callot s'oppose le regard concentré et fervent de Rembrandt qui sonde le coeur. Ses quatre vingts auto-portraits , qui révèlent ce désir de "se voir", tentent de saisir ce que nous sommes, "objets" sous la lumière et les ténèbres qui submergent. Weisbuch lui aussi, s'est pris pour modèle, cherchant à saisir sa vérité.
Enfin, on parle d'une filiation évidente entre Weisbuch et Daumier. Le Lorrain fit de lui en effet deux portraits mais l'essentiel , c'est que ces deux artistes scrutent les gestes, les attitudes, les humeurs des hommes pour mieux débusquer leurs obsessions, leur anxiété, leur arrogance ou leur peur. Des gravures , des lithos ou des dessins non pas caricaturaux mais tendus, aigus.
Même si les sujets sont différents -Daumier ayant une prédilection pour les avocats et Weisbuch pour les musiciens-, on sent chez ces deux artistes, une même volonté de rendre compte du mouvement et du tempérament des sujets . Il y a à la fois beaucoup de soin , une force et un trait rapide: le trait de la vie.
Pour réaliser cette note, je me suis inspirée du texte de Patrick Waldberg qui préface une édition hors commerce des oeuvres de Weisbuch, réalisée pour la Nouvelle Librairie de France à l'occasion de la réédition du Faust de Goethe illustré par ce dessinateur/graveur/peintre que j'affectionne tout particulièrement.
Je suis de la génération du western spaghetti : jeune adolescente, j'ai vu le fameux Il était une fois dans l'Ouest qui marquait le renouveau du western. J'ai été plutôt bon public parce que je trouvais les acteurs formidables, et la musique d'Ennio Morricone trottait dans toutes les têtes. Mais dans toute cette production italienne, c'est ce film-là qui m'a marquée. Tous les autres m'ont laissé une impression d'ennui malgré la présence du "beau ténébreux" de l'époque, Clint Eastwood, dans bon nombre de ces films qui devenaient répétitifs et prouvaient que ce renouveau n'arrivait pas à la hauteur des bons vieux westerns classiques de l'âge d'or hollywoodien.
Ce n'est donc pas ce film-là que j'associe au motwestern. Non, le film qui a marqué mon goût pour le genre, c'est La Chevauchée fantastique, vu à la télévision quand elle s'appelait ORTF, cette bonne vieille télé, en noir et blanc, celle -antédiluvienne me direz-vous- où se succédaient La séquence du jeune téléspectateur, Les dossiers de l'écran, Le Théâtre de la jeunesse, Discorama. C'est dans le cadre de l'émission Cinéma du dimanche- dont je vous joins le générique ICI - diffusée le dimanche après-midi- que j'ai probablement vu pour la première fois ce western. Mon père, nourri aux Enfants de troupe avec ce cinéma-là - c'étaient les seules récrés de ces mômes- a su nous passer le virus. Je m'étonne comment les gamins de 9 à 14 ans que nous étions ont pu "boire" ce film (et bien d'autres) sans sourciller. Il est vrai que la télévision couleurs n'avait pas encore droit de cité dans tous les foyers...
Ce film, que j'aime toujours autant, m'avait conquise: ce que j'aimais, c'était tous ces personnages si contrastés, si différents, réunis dans cette diligence -un huis clos- lancée dans les grands espaces d'une beauté à couper le souffle et affrontant tous les dangers. C'était tout de même une sacrée brochette de spécimens! Un docteur alcoolo, une dame de petite vertu (mais au grand coeur, évidemment!) chassée de la ville par les bonnes dames patronesses, un représentant en whisky, une femme d'officier enceinte, un banquier véreux et froid .Et puis John Wayne dans le rôle du hors-la-loi, pas si "hors" que ça. Et puis des scènes de poursuite anthologiques comme celle de cet Apache qui saute sur un cheval de l’attelage puis tombe entre
les brancards avant d’être piétiné par les
sabots des chevaux et de rouler sous la voiture. On se demande comment de telles scènes ont pu être tournées en 1939! J'ai toujours un faible pour ce film même si d'autres sont tout aussi remarquables comme L'homme qui tua Liberty Valance ou La Charge héroïque...
Je me suis souvent demandée pourquoi c'était ce western-là qui m'avait marquée et pas un autre: en fait, je crois pouvoir répondre , mais c'est a posteriori et dans quelle mesure ces souvenirs ne sont-ils pas reconstruits à ma guise? Je crois que j'avais été très impressionnée par cette Monument Valley, que je pensais construite en carton pâte (!), et plus tard, pendant mes études, quand j'ai découvert que La Chevauchée avait quelques ressemblances avec la nouvelle de Maupassant , Boule de Suif, j'ai été définitivement conquise! De plus, ces deux-là, Maupassant et Ford, ont connu leur succès grâce à cette première oeuvre.
Morale de l'histoire? Prenez la première diligence qui passe: vous aurez un concentré d''humanité et quelques frayeurs, fortes.
"Chez les Indiens Wendat du Canada (les Hurons) , juste avant de tuer un animal à la chasse, on lui explique pourquoi on va l'abattre. On indique à haute voix qui va le manger. Ce qui se passerait pour la famille si on le ratait. Puis on appuie sur la détente. On considère que c'est l'animal qui se laisse tuer par générosité pour offrir sa chair et sa peau au chasseur qui lui a expliqué en quoi elles lui étaient indispensables."
L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu,Bernard Werber
Il m'aura fallu connaître Anijo, pour savoir ce qu'étaient les Pow wow : elle a participé l'an passé à l'un d'entre eux, si ma mémoire est bonne. et nous a donc fait découvrir l'ambiance festive et chaleureuse de ces festivals culturels qui rassemblent les Amérindiens...
En lisant l'article Wikipédia et auquel je vous renvoie, j'ai découvert avec la plus grande surprise qu'un Pow wow se déroulait en Franche Comté, à Ornans, la ville de Gustave Courbet tous les deux ans! Ce rassemblement créé en juin 2008, est unique en Europe.
Que des Amérindiens viennent témoigner de leur culture dans le pays de Courbet, et jouent dans la vallée de la Loue, quelle bonne surprise!
Cette actrice américaine, découverte dans le colossal Titanic, mène une carrière intéressante; ses interprétations d'April dans Les Noces rebelles ou de la mystérieuse Hanah dans Le Liseur sont sensibles et justes.
Mais si je consacre cette note aujourd'hui à Kate Winslet, c'est surtout pour le personnage qu'elle incarne dans ce film américain tout à fait singulier qu'est Eternal Sunshine of the spotless mind, réalisé en 2004 par le Français Michel Gondry, que je ne me lasse jamais de regarder!
Il relate une histoire absolument folle qui ancre le fantastique dans le quotidien: une jeune femme très originale et un peu "décalée", Clémentine (Kate Winslet), lassée de sa relation amoureuse avec son compagnon, Joël (Jim Carrey), un type un peu pépère et peu inventif , décide de consulter un médecin - un drôle de médecin- pour effacer tous ses souvenirs avec cet homme qu'elle ne supporte plus. Et effectivement, quelques manipulations plus tard, Clémentine semble avoir tout oublié. De son côté, Joël découvre par hasard ce qu'a fait son ex et décide lui aussi de contacter ce docteur-effaceur-des-chagrins-d'amour et de repartir "vierge", comme si rien ne s'était passé. Ce médecin, aidé de deux assistants tout aussi foldingues, s'exécute et donc le doux Joël , après s'être débarrassé de tous ses souvenirs (photos, objets, lettres etc.) s'apprête à passer une nuit singulière. Celle où, coiffé d'un casque spécial, commandé par les deux assistants peu recommandables du docteur, il va effacer tout de sa mémoire. Mais, sous l'effet d'une conscience résistante, Joël s'aperçoit qu'il ne veut pas tant que cela tout oublier. Clémentine n'était-elle pas au bout du compte la femme qu'il cherchait?
Jouant sur le temps - le début du film est apparemment normal, mais on est vite déboussolés!-, sur les ruptures narratives où logique et chronologie sont mises à mal, ce film inventif, très original, bourré d'imagination, parfois déroutant pour ne pas dire foutoir, dévoile sans lourdeur aucune, une question bien humaine: oublier l'être aimé puis haï, et se priver des bons souvenirs passés avec lui, est-ce vraiment la solution pour ôter la souffrance et le chagrin? Et qui peut-on rencontrer quand on est "nettoyé"? Méfions-nous de nous...
Cette comédie sentimentale, qui se moque des poncifs liés au genre, ne manque pas de profondeur. C'est un film avec des défauts certes, mais jubilatoire et au bout du compte, plein d'espoirs. Kate Winslet s'y montre déjantée et caractérielle à souhait! Un régal.
Voici une lettre propre aux langues du Nord et qui n'est usitée en français que dans les mots empruntés à ces langues avec leur orthographe.
Selon la langue à laquelle est empruntée cette lettre, la prononciation varie: si l'emprunt est fait à l'allemand , elle se prononcera comme une véritable consonne, comprenez la valeur d'un vsimple. Ainsi Wagram ou wolfram (qui connaît ce mot?) se prononcent Vagram, volfram. Si la lettre vient d'un mot anglais, hollandais ou flamand, alors le w est une semi-voyelle qui a généralement le son de ou. Ainsi Wellington, watergrave (et watergate aussi, si vous voulez) se prononcent ouellington, ouatergrave (et pour les plombiers de Nixon, inutile de vous faire la leçon sur la prononciation...). Toutefois cette règle a dans la langue anglaise d'assez nombreuses exceptions et les diphtongues en w, surtout à la fin des mots, ont des sons divers.
Le dictionnaire dont je m'inspire pour écrire cette note présente 43 pages de 24x31 contenant chacune en moyenne 35 mots sur trois colonnes, pour la majorité des noms propres. Je découvre, en parcourant les pages, la tête d'illustres inconnus qui ne me disent absolument rien, mais qui toutefois ont mérité un référencement dans ce dictionnaire savant et sérieux... Se glissent à travers les colonnes quelques silhouettes de mots connus, comme le wapa, le wapiti, le whisky (ou whiskey), le watt,le wharf mais ils sont rares.
Il y a les poules wyandottes qui me font sourire (les sons me rappellent le fameux Viandox) , la wloka qui ne peut renier ses origines polonaises, le wiski qui ne devait guère ménager ses occupants ou encore la wigandie peut rougir devant la welwitschie
Au fond, les mots d'une langue résistent mieux au temps que le nom des personnes...Ils intriguent bien plus et nous laissent dans l'esprit un goût de revenez-y...
Pour finir, sachez que le W peut désigner en musique le violon, qu'il est le symbole chimique du tungstène, que sur les anciennes monnaies de France, il indiquait la ville de Lille. En paléographie, cette lettre d'invention germanique, a été concurremment rendu par la graphie gu: ainsi Wilhelmus et Guillelmus.
Le W est une lettre étonnante, non? Assez mystérieuse dans notre langue.