mardi 20 décembre 2011

Weissmuller et Tarzan

Tarzan, c'est tout un monde. A la fois le mythe du bon sauvage, comme Vendredi dans Robinson Crusoé, celui de l'enfant sauvage comme le Mowgli de Rudyard Kipling ou celui des figures fondatrices de Rome, Romulus et Rémus.

Ce personnage de fiction inventé par Edgar Rice Burroughs en 1912 ne semble pas avoir été le premier dans la littérature à incarner cet enfant abandonné dans la jungle: en effet,  en 1879, un dessinateur français du nom de Robida écrivit un roman de 800 pages intitulé Les Voyages extraordinaires de Saturnin Farandoul. Si on méconnaît les aventures de ce personnage, échoué sur une île de singes après le naufrage et la mort de ses parents et qui deviendra vite un chef pour ces animaux et pour les hommes, c'est parce que la publication du livre a été très limitée. N'est pas Tarzan qui veut! Ce personnage a beaucoup inspiré son créateur- il a écrit une trentaine de romans, mais aussi d'autres auteurs. Il a inauguré dès 1929 les premiers comic strips dessinés par Harold Foster, ouvrant la voie à une longue lignée de dessinateurs de comic jusqu'en 1981. Cet homme sauvage a aussi très vite envahi les écrans de cinéma, dès 1932 avec Tarzan, l'homme-singe -une quarantaine de films jusqu'en 1997, des films d'animation, des séries d'animation.

Le Tarzan que j'ai connu enfant, c'est Johnny Weissmuller, cet Austro-hongrois naturalisé "spontanément" Américain après ses records olympiques de natation. C'est celui que nous a fait connaître notre père, toujours ému de revoir ses films parce que, petit enfant de troupe, Tarzan tout comme les cow-boys, ouvrait un espace de rêve et de joie ineffables. Tarzan n'était pas le Père Noël, mais presque...

2 commentaires:

ZapPow a dit…

Gamin, jouant à Tarzan dans le petit bois à côté de chez moi, j'y récoltais, ayant malencontreusement glissé le long d'une corde qui me servait de liane, un douloureux souvenir qui me suivit une trentaine d'années.

Bien plus tard, mais avant que la douleur ne s'évanouisse enfin, je me suis posé des questions devant la profusion de ces héros blancs, Tarzan, Akim, Zembla, Sheena, qui dominaient les Nègres et autres bronzés des alentours, en étaient vénérés, commandaient aux animaux et trouvaient, dans des jungles finalement très fréquentées, des conjoints tout aussi blancs pour fonder des familles dominatrices. Du féodal-colonialisme ?

Christine a dit…

Vous avez bien raison ZapPow de monter combien la légende de Tarzan vulgarise sans état d'âme la théorie sur l'inégalité des races: Gobineau aurait aimé les films, c'est sûr! Tarzan fait l'éloge des sauvages et en même temps les méprise: les Africains sont dépeints souvent dans les films, sous des traits terrifiants, cruels. Oui, un Tarzan blanc, seigneur de la jungle - de toute l'Afrique?-qui flatte le bon vieux racisme colonial même s'il ne fait aucune différence entre les Blancs et les Noirs, de la même façon qu'il ne fait aucune différence entre les Hommes et les animaux. Sauf que... Tarzan choisit comme compagne la première blanche qui passe par là... Un Tarzan enfin dont le cinéma américain s'est emparé pour qu'il incarne le rôle que se sont inconsciemment donné les Etats-Unis: le peuple élu , gendarme de la planète.
Saviez-vous que les réalisateurs des films sur Tarzan qui n'ont jamais mis les pieds en Afrique et qu l'un d'entre eux,celui qui tourna Tarzan l'homme singe engagea des nains qu'il maquilla en noir pour interpréter des pygmées?
Alors Tarzan, une légende oui, mais aussi une représentation de l'Occident pas bien reluisante!

Merci ZapPow d'avoir conduit ce billet à une réflexion moins anecdotique même si je compatis à votre douleur physique pour l'avoir vécue aussi à travers mes frères...