samedi 30 juillet 2011

Xtine...

prend ses cliques et ses claques et fouette cocher...
  

Ira-t-elle ramer sous des cieux plus septentrionaux?

   A moins qu'elle ne se prélasse sous un châtaignier?

ou  persiste à arpenter le parc de cette belle abbaye ?
(vous aurez remarqué mes talents pour vous faire voyager , dans ma région...)


Elle part donc et le blog sera  au repos pendant ... trois bonnes semaines (non, non, ne pleurez pas!). Il vous faudra donc attendre pour lire les trépidantes aventures du W . Vous vous doutez bien que mon esprit restera en éveil pour saisir tous les W qui passeront  mais dans mon programme point de Waterloo, ni de Washington, ni non plus de tour touristique en Westphalie: pas de William ni de Walter en vue et il est probable que je quitterai ce monde sans savoir à quoi ressemblent au juste wapitis et wallabys. Dans les bouquins à emporter pas un seul petit auteur où le W serait en initiale, pas non plus de régime alimentaire à base de W. Il me reste les WC, lieu que je fréquenterai comme vous tous, mais  ...  Ah! peut-être du whisky? Autour d'une partie de whist? Mais pas de tripot prévu...Juste l'océan et plus tard le grand R alpin.

Je penserai bien à vous toutes et tous. Que tout se passe au mieux pour vous et à bientôt!

mardi 26 juillet 2011

XS

Helmer a  un vie XS. Extra Small. Paysan malgré lui dans le Waterland, région de la Hollande septentrionale, seul dans la ferme de son père , Helmer a vécu depuis ce jour d'avril 1967 - date de la mort accidentelle de son frère jumeau- "la tête sous les vaches" et ne l'a "plus jamais sortie de là". Sa vie monotone, toute petite se résume à la traite des vaches, regarder par la fenêtre les saisons qui passent et les watringues changer d'aspect, vivre dans la même chambre étroite, humide...seul. N'être plus qu'une moitié. Les années passées à la ferme, sous la férule d'un père autoritaire et d'une mère soumise à la volonté d'un mari qui ne se remet pas de la mort de son fils chéri, sont les années du rien pour Helmer. Il n'a été personne, et le jeune homme parti à Amsterdam étudier la littérature 35 ans auparavant est enfermé à jamais dans des cartons: à la mort du frère, il s'est cru obligé de reprendre sa place, à la ferme.Il n'en est plus jamais ressorti.

Pourtant, ce jour-là, celui qui correspond au tout début de l'histoire, Helmer décide de tout changer: oh! ce n'est pas grand-chose mais c'est symbolique. Il monte son père désormais grabataire, là-haut, dans la chambre qu'il a occupée pendant des années. Lui, il s'installe en bas, change tout : les meubles, la moquette, la peinture. Toutes les vieilleries sont reléguées dans la chambre du fils disparu, ou jetées. Helmer vit dans du neuf. C'est vide, certes, mais  Ada, une voisine,  trouve cela formidable: "elle a surtout été impressionnée par la sensation d'espace". Et bon dieu, comme Helmer en a besoin d'espace! Il a tant vécu au plus petit de lui-même.

L'hiver arrive: il va de nouveau patiner sur le Grand Lac. Les souvenirs de l'Ijsselmeer gelé lui reviennent: leur père un peu casse-cou avait décidé de tester le poids de la voiture sur la glace. C'est quand il a vu dans le rétroviseur la détermination de ses deux fils -prêts à narguer la mort avec lui- "soudés comme des siamois", qu'il n'a pas osé s'aventurer parce que "vous ne faisiez plus qu'un au milieu de la banquette arrière."

En même temps qu'Helmer s'approprie les lieux- rien ne lui appartient dans cette ferme à part des ânes qu'il a achetés et qui font la joie des gosses d'Ada- le passé resurgit. La "presque épouse" de Henk, le jumeau disparu, donne de nouveau de ses nouvelles: elle veut revoir les lieux et demander un service à Hemler. Il hésite et finit par la recevoir...

La vie d'Helmer va tout à coup s'agrandir: parce qu'il peut enfin parler, dire son chagrin qu'on n'a jamais entendu, sentir son corps et sa tête fonctionner, se regarder dans une glace, exhumer des livres enterrés dans des cartons poussiéreux, tenter de comprendre un père qui ne l'a jamais aimé, résoudre des questions restées jusqu'à cet hiver-là sans réponse, se confronter à un Henk qui n'est pas son frère mais qui est son double à lui, et retrouver enfin celui qui l'a apaisé autrefois et qui l'a reconnu comme un individu à part entière. Celui  qui ne le nommera jamais plus Helmer, mais l'Homme aux ânes.


Ce beau roman sobre et  poétique , s'ouvre en novembre et s'achève en été, il débute en Hollande avec les watergang, les corneilles mantelées, les foulques macroules et se termine au Danemark sur une falaise d'où Helmer, cet homme simple et profond admire le soleil se coucher. Là -haut. Seul. Une vie de rien, mais pas pour rien dès lors qu'Helmer lui trouve un début de sens et retrouve le désir. Dans un calme où la solitude ne pèse plus. Un calme que le père transporté là-haut, dans la chambre du premier étage a pu apporter aussi à son fils , avant de mourir.  Maintenant Helmer vit en XL.




 Là-haut, tout est calme, Gerbrand Bakker, traduction du néerlandais  par Bertrand Abraham, Folio, 2006 , 2009 pour la traduction française

jeudi 21 juillet 2011

X , y ou les inconnu(e)s d'Incendies

A Anna F.

« Pour résoudre une équation, il est inutile de commencer par vouloir déterminer les inconnues. »

Cette  phrase, tirée du film Incendies, du Québecois Denis Villeneuve, sorti en janvier 2011 en France, est le conseil que donne un professeur de maths à son assistante qui vient d'apprendre -elle et son frère- par le testament de leur mère, qu'ils ont un père -ils le croyaient mort- et un frère, dont ils ignoraient l'existence. Pour exécuter ses dernières volontés et avoir un enterrement décent, cette femme fait remettre par son notaire deux lettres à ses deux enfants: la première, adressée au père, devra être remise en main propre par sa fille à son destinataire, la seconde adressée au frère, devra  l'être aussi dans les mêmes conditions, par le fils cette fois-ci. Si ce dernier refuse de se plier aux caprices d'une mère devenue folle et mutique dans les derniers moments de sa vie, la fille, elle, veut absolument découvrir ses deux inconnus, devenus dans la bouche du prof de maths les inconnues d'une drôle d'équation: Jeanne quitte donc son Canada d'adoption et s'envole, munie d'une photo de sa mère jeune et d'une petite croix lui ayant appartenu, pour le Moyen Orient , dans un pays jamais cité -le Liban probablement mais après tout ce pourrait en être un autre- , un pays coupé entre le nord et le sud, les réfugiés et les nationalistes,  les chrétiens et les musulmans...

Cette quête douloureuse, chargée de très fortes émotions prend les allures d'une odyssée homérique: Jeanne entreprend un long voyage dans le pays de sa mère, toujours blessé à vif, elle surmonte les épreuves, découvre le passé terrible de sa mère, une femme qui a le visage d'une héroïne de tragédie grecque.  L'horreur l'attend, attend son frère aussi et nous, les spectateurs! Nous devons savoir, nous aussi, mais le réalisateur ménage notre liberté de reconstruire nous mêmes les morceaux de cette histoire complexe et terriblement humaine. 

La scène inaugurale des enfants-soldats portée par la musique de Radiohead -You and Whose Army- est magistrale et nous sommes d'entrée de jeu complètement déroutés. Au fur et à mesure des scènes, nous percevons l'intensité dramatique et sommes aux aguets du moindre indice. Le temps se bouscule: est-on dans un avant , un après la scène testamentaire? Qu'allons-nous découvrir? Où veut nous mener le réalisateur? Grâce à une construction narrative parfaitement maîtrisée, à des flash-back qui bornent  notre réflexion et mêle les itinéraires de la mère, puis de ses enfants à l'Histoire d'un pays toujours blessé à vif après quarante ans de guerre, le film dégage une puissance absolument inouïe. Rien n'est en trop dans ce film: pas de bons sentiments, pas de charges émotives exagérées, pas d'opacité intellectuelle. Une universalité, une dénonciation radicale de la guerre, un perte des repères; pourquoi cette violence, qui est victime, qui est bourreau?


Les acteurs sont excellents, c'est très bien filmé et  le scénario, très écrit est d'une très grande qualité. D'une grande puissance. Dans la salle où j'ai vu le film, nous sommes tous restés collés à nos sièges jusqu'à la fin du générique. Pas un bruit. Complètement estomaqués. Incapables de reprendre le cours des choses, de nos vies. Il nous a fallu à tous un temps de réadaptation. C'est tellement fort! Voilà bien longtemps que je n'ai éprouvé un tel choc cinématographique.J'en suis sortie "brûlée".

Ce film, Villeneuve l'a adapté d'une pièce de théâtre de Wajdi Mouawad, auteur de théâtre québecois d'origine libanaise.  La tétralogie Le Sang des promesses à laquelle  appartient Incendies, a été reconnue comme une des pièces majeures du théâtre contemporain. L'oeuvre cinématographique est passée inaperçue ou presque, en France. Elle a été mal distribuée...C'est Anna F. qui m'en avait dit le plus grand bien dans un de ses messages. Elle en parlait avec tant d'enthousiasme et regrettait tellement que ce film pourtant largement récompensé ailleurs, n'ait pas eu en France la carrière qu'il méritait, que je m'étais bien jurée de profiter des vacances pour aller le voir quelque part à Paris. C'est désormais chose faite :  merci Anna! Sans toi j'aurais raté un grand moment.

Pour savoir s'il passe à encore dans votre ville, tapez sur un moteur de recherche Incendies Cinéma +le nom de votre ville. C'est un film à ne pas manquer. Vraiment.

lundi 18 juillet 2011

X littéraire

Le Baiser volé, Fragonard

Ce n'est pas tous les jours que des écrivains portant un X à l'initiale de leur nom naissent et laissent une postérité. Bien sûr, je pourrais évoquer Xénophon, sa vie, son oeuvre mais je ne voudrais pas abuser de votre patience. Et pourquoi pas Xanthippe, me direz-vous, l'épouse acariâtre que Socrate épousa pour éprouver sa célèbre technique  la maïeutique? Oui, mais je n'y étais pas et les pensées " prêtées" à un philosophe, surtout quand elles viennent de si loin, sont sujettes à caution. Le bouquin de Françoise Xénakis  pourrait peut-être m'éclairer.

Portrait de Pierre Louÿs de F. Vallot
Me résoudre à admettre qu'entre le x, l'inconnue en mathématiques et le x de la pornographie, nulle voie? Détrompez-vous... Il existe un écrivain connu surtout aujourd'hui, pour sa littérature érotique et même pornographique, osons le mot . Il s'agit de Pierre Louÿs, bien évidemment....

Si Trois filles de leur mère, un roman résolument pornographique n'était pas devenu un "classique", il est quasiment certain que s'il était publié aujourd'hui, l'auteur serait traîné devant les tribunaux: pédophilie, inceste, zoophilie, machisme sont abordés sans aucune retenue, si ce n'est celle toutefois d'un narrateur assez prude qui  évite au roman l'ignominie.  L'ensemble est "hard" ou "hot", c'est comme vous voulez, mais si nous mettons dans notre poche  nos scrupules et notre morale , ce roman est considéré par certains  comme « le chef-d'œuvre de Pierre Louÿs » , dixit André Pieyre de Mandiargues.

D'après certains, ce roman retracerait des éléments biographiques de l'auteur: il aurait  eu pour amante une des filles de José de Hérédia, Marie, dont il aura un fils, laquelle épousera finalement Henri de Régnier tandis que Louÿs épousera la soeur de Marie, Louise. Imbroglio sentimental ou histoire de la famille tuyau de poêle, c'est comme vous voulez.

Ce roman écrit en 1910 et publié sous le manteau en 1926 qui retrace donc les mésaventures d'un jeune homme visité par une prostituée et de ses trois filles parvient  à dépasser les situations les plus odieuses et les plus ignominieuses grâce à une écriture qui déroule un fil sentimental -un vrai paradoxe!- et sait garder un ton plutôt tendre, complice, avec un humour assez décapant.

Je ne peux pas dire que ce roman est ma tasse de thé; j'ai "calé" mais cette littérature-là existe. J'en veux pour preuve cette réflexion du narrateur lui-même:
"C’était le langage de la sagesse avec un vocabulaire qui, pour n’être pas celui des sermons, avait néanmoins de la force et même une certaine éloquence."
Vous comprendrez que j'ai délibérément évité toute citation dudit roman, espérant éviter ainsi des lecteurs inhabituels attirés par des mots-clés trop suggestifs. Mais vous pouvez trouver le roman dans sa totalité ici, si  vous le souhaitez. La formule " Attention! âmes sensibles s'abstenir" ne manque pas cette fois-ci d' à propos! 

jeudi 14 juillet 2011

X de Chri

Voici un texte de l'alphabet bête, créé par Chri un ami blogueur de longue date.

 Hier soir en sortant du Tex Mex ou d'un vague ciné, avec Alexis, un ami grec vacciné, j’ai croisé une Aixoise anxieuse, ex du x en exil ici. L’occitane peroxydée, l’axis en bataille, désaxée, exténuée, dans un accès de colère acérée cassait de la vaisselle de saxe, avec un accent exotique, car née sous x. Elle explosait un max, l'Alexia : "Ousqu’il est cet excité ?" s’exclamait-elle. "J’existe" exprimait juste l’X de centrale ! "Pas d'excuses, j’exige des explications, un ex-voto ou je t’expurge saligaud exsangue!" Un mixeur à injures extrêmes, exquise dans sa laxative rage! L’ex-pute occise, folle de saxo, je l’ai su plus tard, un incipit dans l’occiput était en hypoxie express. J’ai appelé un taxi, mais une idée fixe : "Face de fax !" disait elle acerbe, à son Alex, croate, acousticien de chasse, en malaxant son sax à Cid et se frappant le thorax. Puis, elle m’a vu et là, ataraxie extatique, les yeux en rayons x... Exclu, l'ancien yougo au faciès de "Tu pars, non?"! Occis dans l'oeuf le presqu'asiate! Taxé d'accident, de rixe naturelle, d'axiome Lette! Excisé le sagouin! Extradé l'expatrié!

Alors, moment extra, luxure, relaxe. Laxe, hyperlaxe la fille d’Aix en action!

Quelle actrice! L'ire? Un prétexte...

Le taxi acceptera ? Réflexion faite: " A L’île d’Aix ou à Dax, Maxime, allons parler pacs et en avant Marx..." Deux xanax, un bouquet de saxifrages et sans anthrax, à nous le sexe, les alexandrins et l'extase sans taxes! Exit l'ataxie!

J’acquiesce et j'explore, prolixe, les prémices sans suffixe d'un lien XXL...

mercredi 13 juillet 2011

X ...VIIème

"Ce livre est licencieux..." Dans sa préface à la deuxième édition des Contes et Nouvelles en 1665 , La Fontaine en convient lui-même pour se garantir de la critique qu'on peut lui faire. Le genre du conte l'impose, dit-il alors, et cela doit suffire.
Dix ans plus tard, en butte aux mêmes critiques et à la manière des leçons de Boileau , il écrit:
                                                Qui pense finement et s'exprime avec grâce,
                                                Fait tout passer car tout passe.
                                                                  (Le Tableau, livre IV des Contes)

Un siècle plus tard, alors que la fortune des Contes est à son comble mais que le siècle des galanteries touche à sa fin, Fragonard  compose 57 dessins pour illustrer ces textes que renia pourtant La Fontaine, sur son lit de mort. Ces dessins sans doute commandés par un mécène désireux de posséder un exemplaire unique seront repris plus tard par Fragonard pour être traduits en gravure. Un amateur inconnu fait ensuite monter les dessins dans deux grands volumes manuscrits, ornés et richement reliés, et le chef d'oeuvre est alors soustrait définitivement au public.

Au XIXème, le manuscrit des Contes de La Fontaine, illustré par Fragonard est un ouvrage fabuleux dont on parle beaucoup mais que peu d'initiés ont la chance d'admirer. Passé de main en main, il devient "le plus beau livre du monde". Salué par une presse abondante et polémique, l'ouvrage entre dans les collections du musée du Petit Palais en 1934.

Voici un de ces contes, extrait du Livre II
L'anneau de Hans Carvel
Conte tiré de R ***

Hans Carvel prit sur ses vieux ans                        Eût voulu souvent être mort.
Femme jeune en toute manière:
                           Il eut pourtant dans son martyre
Il prit aussi soucis cuisants;
                                  Quelques moments de réconfort:
Car l'un sans l'autre ne va guère.
                          L'histoire en est très véritable.
Babeau (c'est la jeune femelle),
                            Une nuit, qu'ayant tenu table,
Fille du bailli Concordat
                                       Et bu force bon vin nouveau,
Fut du bon poil, ardente, et belle,
                         Carvel ronflait près de Babeau,
Et propre à l'amoureux combat.
                            Il lui fut avis que le diable
Carvel, craignant de sa nature
                               Lui mettait au doigt un anneau;
Le cocuage et les railleurs,
                                    Qu'il lui disoit: "Je sais la peine
Alléguait à la créature
                                           Qui te tourmente et qui te gêne;
Et la Légende, et l'Ecriture,
                                   Carvel, j'ai pitié de ton cas:
Et tous les livres les meilleurs:
                              Tiens cette bague, et ne la lâches.
Blâmait les visites secrètes,
                                   Car, tandis qu'au doigt tu l'auras,
Frondait l'attirail des coquettes;
                             Ce que tu crains point ne seras,
Et contre un monde de recettes,                             Point ne seras sans que le saches
Et de moyens de plaire aux yeux,                          - Trop ne puis vous remercier,
Invectivait de tout son mieux. 
                               Dit Carvel; la faveur est grande.
A tous ces discours la galande                               
Monsieur Satan, Dieu vous le rende,
Ne s'arrêtait aucunement;
                                      Grand merci, Monsieur l'aumônier!"
Et de sermons n'était friande
                                  Là-dessus achevant son somme,
A moins qu'ils fussent d'un amant.
                        Et les yeux encore aggravés,
Cela faisait que le bon sire
                                     Il se trouva que le bon homme
Ne savait tantôt plus qu'y dire,
                             Avait le doigt où vous savez.

lundi 11 juillet 2011

X du Khi à un simple abréviatif


Consonne double empruntée aux Grecs ,  il  est la 24ème lettre de notre alphabet. Le Khi des Grecs a la forme du x majuscule (X); on l'avait conservé au Moyen âge avec cette valeur dans le mot Christus qui s'écrivait Xhristus ou X ou XRS.

Du point de vue phonétique, cette lettre peut se prononcer [ks] comme dans axe, [gz] comme dans Xavier et beaucoup de noms propres tirés du grec, [s] comme dans soixante, [z] comme dans dixième et [k] à l'initiale de certains mots espagnols, comme  Xérès.
Historiquement, il semble que ce groupe de consonnes ait été indo-européen, par exemple dans la racine deks: sanskrit; dakshinas, gRec deksios, latin dexter "qui est à droite" Le latin transcrivit par x tous les groupes ks , soit hérités de l'indo-européen, soit nouvellement formés. Mais les x latins ne se maintinrent pas en latin vulgaire: ils se réduisirent en s simple ou double (latin, extraneum, vieux français estrange, français moderne étrange ).
Enfin-et cela ouvre bien des débats sur la nécessité ou non de simplifier notre orthographe- il y avait au Moyen âge un signe abréviatif qui ressemblait à x et valait u+s. On écrivit chevax pour chevaus puis par confusion chevaux. De la même façon  dans Hébreux, je peux, heureux, etc. la lettre x résulte d'un abus...
 ( Source pour rédiger cette note: Larousse du XXè siècle, édition 1933)

Dans cette édition figurent bon nombre de mots techniques de botanique, d'entomologie, de chimie, de minéralogie, d'ichtyologie et autres domaines, tous aussi étranges les uns que les autres pour moi. Le seul gouvernail possible dans ces mots extrêmement savants, les racines grecques, comme xanthos (jaune), xulon (bois), xiphos (épée), xénos (étranger), xéros (sec, dur)... Pour vous mettre en bouche voici:  xanthodermie, et xanthognathe (les dentistes devraient trouver), le xantholinus  (dont on me dit qu'il se trouve aux environs de Paris), le xénodoque, les adjectifs xémorphe ou xérophile , la xylocope...


Dans ce dictionnaire savant se glissent tout de même d'assez ordinaires xylophone, xénophile, xylogravure, xérès et xyste,  mais tout cela ne va pas faire mes choux gras pour les notes à venir. Aïe, aïe, aïe!

samedi 9 juillet 2011

Enigme 23




1. Quelle héroïne est représentée dans ce tableau? Qui en est le peintre?
 2. Que vous rappelle le nom de cette commune? Saurez-vous trouver le livre assez particulier - adapté au cinéma- qui parle de la "révolution" vécue par ce pays et racontée par une femme?


 3. Ces trois mots associés peuvent vous aider à trouver le titre d'un roman du XIXème siècle. Lequel?

Médaillon- Apostat- Cotentin

Comme d'habitude, si vous en avez l'envie, vous pouvez m'envoyer vos réponses à  xtinemer@gmail.com avant demain soir, 20h. Bon week-end!

Réponse:
Tous les participants ont gagné, à savoir ZapPow, Catherine, Flocon et Claude. Bravo à vous!
Il s'agissait de Phèdre dans le tableau de Cabanel, de Khomeiny et de la bande dessinée de Marjane Satrapi Persépolis et enfin du Prêtre marié de Barbey d'Aurevilly. 
Bonne semaine à vous toutes et tous!

vendredi 8 juillet 2011

Yveline (2)


Avant son départ, je fis une dernière visite à Yveline à l'hôpital, lui apportant des livres de peinture. Je vécus cet après-midi-là  un énorme choc: après avoir discuté et après que je l'eus prise dans mes bras pour la réconforter , elle m' avoua qu'elle m'aimait. Je ne compris pas vraiment le sens de ces mots au  tout début. Elle le vit et dans un dernier sursaut,  elle se montra plus claire. J'étais sans voix: elle comprit à mon regard, à mon étonnement, qu'elle s'était totalement trompée. J'eus la force de lui dire qu'elle avait fait erreur et comment ai-je réussi à lui dire que je ne l'aimais pas, en l'aimant quand même, je ne sais plus. Aimer est bien le verbe le plus difficile à utiliser!

Je ressentais un malaise et j'eus en tête  des questions qui ne cessèrent de me tarauder longtemps.  Qu'avais-je donc fait pour qu'elle puisse croire que j'étais lesbienne? Comment avait-elle fait pour confondre une gentillesse somme toute normale avec un sentiment fort comme l'amour ? Dans quel désarroi affectif se trouvait-elle? Etait-ce son incapacité à assumer son homosexualité qui la mettait dans cet état-là? Et ses parents? Que savaient-ils, qu'avaient-ils fait? Et moi? Avais-je eu des paroles ou des gestes de trop qui avaient pu lui laisser penser que j'étais ce qu'elle avait cru?

J'appris par Denis qui la connaissait mieux que moi, que ses parents étaient cathos-tendance-très-traditionnelle : Yveline, quand elle rentrait le week-end chez eux, portait jupe plissée bleu marine et allait à la messe. Elle jouait le jeu, me dit-il. Son homosexualité était sans doute inavouable. Elle ne l'était pas (l'est?) déjà dans des familles "ordinaires" à l'époque (maintenant?) , comment pouvait-elle l'être dans une famille très pratiquante,  de notables provinciaux de surcroît. S'ajoutait le fait que Denis était homo et que je ne cachais à personne qu'un de mes frères l'était aussi. Une homosexualité avouée dans le milieu familial et assumée, ce qui était assez rare à l'époque, à ma grande surprise. Cette amitié avec Denis  et ma fratrie pouvaient expliquer ses sentiments.  C'était un peu court, mais après tout, je n'allais pas en faire un drame et me rendre malade. Encore que ... je chargeais la barque un peu plus. 

Elle partit donc "là-bas" à La Verrière. Nous allâmes la voir , Denis et moi, une seule fois. Je ne sais plus quand exactement, je sais seulement qu'il faisait gris, froid et triste.  Je n'ai plus aucun souvenir du trajet que nous fîmes, ni du lieu. Je me rappelle seulement un parc où des hommes et des femmes erraient. Certains tournaient autour d'arbres en psalmodiant des mots incompréhensibles. Yveline nous raconta ses journées sans fin, l'atelier poterie où elle "faisait semblant". Elle n'allait pas bien. De la voir elle,  et les autres très atteints, nous glaça Denis et moi. L'effet miroir nous assaillit. Nous préparions ce concours pour être profs et nous avions en face de nous, de possibles doubles, tous malades, tous en détresse. On sortit de là, se disant qu'il nous faudrait un sacrée dose de courage pour revenir la voir. Je sais aussi avoir mes petites lâchetés...

Il y eut une embellie quand je reçus quelques mois plus tard, une de ses lettres: elle allait mieux disait-elle - la preuve, elle écrivait- mais elle ne se faisait pas trop d'illusions sur sa guérison. Elle s'amusait de voir le personnel soignant s'évertuer à souligner ses progrès. Je lui répondis mais surveillais tous les mots qui pouvaient prêter à mauvaise interprétation. De cela je me souviens, de ce que je lui disais, je ne sais trop. Peut-être lui ai-je promis une nouvelle visite? Je n'en sais rien. M'en souvenir m'aiderait sans doute...

Les épreuves du Capes arrivèrent: le soir de la première épreuve, Denis apprit qu'Yveline s'était jetée sous un train, à la gare près de la maison de santé.  Pour nous deux, un signe. Pour elle, peut-être que oui, peut-être que non. Nous étions abattus. Elle avait 22 ans. C'était un beau jour de mai.

Il y eut l'après. Nous écrivîmes à sa famille pour présenter nos condoléances, dire notre chagrin, proposer notre venue. Nous eûmes une réponse quasi immédiate; nous étions interdits de séjour au cimetière . Indésirables.

En juillet, je reçus un courrier : sa mère m'écrivait ou plutôt me décrivait la cérémonie avec force détails: des mots de fiel . Elle avait lu les deux lettres que je lui avais écrites et qu'elle avait trouvées : elle m'accusait personnellement d'avoir mené Yveline au suicide. J'avais paraît-il laissé espérer à sa fille mes visites et elle ne s'était jamais consolée de mes mensonges... Elle me promettait le pire, m'affirmant que ma culpabilité serait un jour punie. J'étais insensible aux menaces mais consternée par le transfert de responsabilité : quelle était la nature du lien mère-fille pour que des lettres d'amitié , des mots gentils et affectueux puissent être interprétés comme  coupables et assassins? La haine contre moi traduisait simplement la haine dirigée contre sa fille: elle avait deviné sans doute la sexualité -déviante , comme on dit dans ces milieux-là- de sa fille. Peut-être que mes lettres y faisaient allusion. Peut-être. Je n'avais plus la mémoire des mot écrits quelques mois plus tôt, bien qu'il me restât l'impression que mes lettres visaient plutôt à la distraire qu'à la ramener à un épisode mal vécu. Il fallait une coupable. 

J'ai cru que ces mots glisseraient. En tout cas, je préférais le silence. Il aurait été si facile de riposter! Yveline imposait le respect et la dignité.

Le temps a passé; je n'ai pas oublié Yveline. Je la revois parfois, à notre table de travail, en train de se battre avec Denis et moi pour venir à bout de Sénéque ou discuter avec ardeur des rapports qu'entretient le roman avec le vrai et le vraisemblable...Vaste problème!  Elle disait toujours son avis calmement et savait agrémenter ses remarques d'un humour fin et décapant.

J'ai cru avoir oublié les mots de sa mère. J'avais cru avoir réglé mes comptes avec elle... sans jamais l'avoir vue. Mon amnésie totale devant les lieux - La Verrière - me laisse penser que peut-être je n'en aurais jamais fini avec elle. Avec sa mère. J'aurais dû avoir le culot d'aller lui dire ses quatre vérités. Alors... culpabilité? ce n'est pas exactement ce sentiment. Le regret, plutôt et au fond, ce n'est pas plus facile à vivre.

jeudi 7 juillet 2011

Yveline


Une dernière fois,  avant la prochaine rentrée scolaire, je suis passée devant cette maison de repos pour profs : La Verrière. Une maison de santé pour soigner leur déprime au mieux, leurs troubles mentaux au pire. Je ne sais trop pourquoi. Ce n'est pas la route la plus courte. Pour jeter encore un coup d'oeil à travers la grille, et apercevoir au bout d'une allée soignée, bordée de cyprès taillés en pointe et de pelouses proprettes un bâtiment qui décidément ne me dit rien? Pourtant, le visage d'Yveline, je l'ai toujours en tête. Son sourire aussi. Elle est éternelle cette fille, elle ne vieillit pas.

Il m'aura fallu des semaines et des semaines pour associer le nom de cet établissement connu dans les  salles de profs au doux et rare prénom d'Yveline. Je n'avais fait aucun rapprochement jusque-là.  La première fois que je suis passée devant, je ramenais un élève chez lui. Il m'avait dit que sa mère travaillait ici,  en désignant le portail, comme standardiste et que c'était une maison pour les profs qui "avaient des problèmes dans leur tête". J'avais enregistré l'information et  découvert que ce chemin-là me menait aussi à la N10. J'étais plutôt contente de découvrir un nouvel itinéraire. Je suis passée derrière la gare, aussi, et rien n'a surgi. Rien et pourtant ces lieux, gare et établissement de santé, renvoient à une douleur toujours présente . Une culpabilité en plus.  Ce refoulement ferait les délices et la fortune d'un psychiatre.

Yveline, je l'ai connue à la fac. Fille sauvage sous ses airs sages. Mystérieuse, tout comme son prénom que j'entendais pour la première fois. Un prénom à la fois doux et cristallin. Petite, brune, chevelure dense et crépue, yeux charbon pétillants d'intelligence et de malice. Nous suivions les mêmes cours de préparation au Capes: toutes les deux, nous avions un goût plus prononcé pour la littérature que pour les langues anciennes. Nous sommes devenues amies, partageant nos lectures, des séances de cinéma et de travail. A la première épreuve du Capes - la dissertation, où elle excellait- elle est partie désespérée au bout de trois quarts d'heure. J'ai réussi à la suivre pour savoir ce qui se passait: elle m'a expliqué en pleurs qu'elle ne comprenait rien au sujet, qu'elle avait essayé d'écrire, mais qu'elle ne savait plus écrire une seule phrase...  Je ne comprenais rien, moi non plus.

L'été, elle m'a téléphoné pour me consoler: mon admissibilité ne m'avait pas donné l'admission.  Prise par la préparation de mon oral, je n'avais pas repris de ses nouvelles: elle était repartie chez ses parents, pour se reposer. Elle devait aller faire un court séjour dans un établissement psychiatrique, un établissement pour schizophrènes, d'après ce qu'elle croyait.

Elle en revint à la rentrée mais trois semaines à peine après nos retrouvailles studieuses  - nous avions formé un groupe de travail de  trois - elle rechuta.  Ses parents la firent hospitaliser au CHU de Caen en attendant une place dans un établissement  plus approprié. Denis et moi , nous allâmes souvent la voir. Elle perdait chaque jour un peu plus son joli sourire: elle s'ennuyait: elle ne pouvait pas lire, elle ne pouvait pas suivre une émission de radio ou de télévision. C'est à peine si elle comprenait ce que lui disaient les médecins. Cette jeune intellectuelle fine, cultivée et d'une extrême réserve sombrait corps et âme.

Le choix de l'établissement fut une source de conflit avec ses parents- le père était médecin. Ils voulaient qu'elle reparte dans l'établissement d'où elle venait. Yveline refusa et proposa sur la bonne foi de nos renseignements la maison de La Verrière. Une de nos profs, en qui nous avions toute confiance avait suggéré ce nom: c'était un établissement spécialisé puisqu'il traitait essentiellement le personnel enseignant.

à suivre...                                                                                                         

lundi 4 juillet 2011

Yvelines


Je suis née dans le département de Seine-et-Oise, et quelques décennies plus tard, si je n'y habite pas, je travaille dans ce même département, à la différence près qu'on le nomme aujourd'hui Yvelines.

En 1968, le 1er janvier exactement, par l'application d'une loi de 1964 portant sur la réorganisation de la région parisienne, le département des Yvelines naît: il garde le numéro 78 de la Seine-et Oise et recoupe  40% de la surface de  cet ancien et grand département qui enclavait totalement celui de la Seine.

C'est sur proposition du premier président du Conseil général des Yvelines, Jean-Paul Palewski que le nom d'Yvelines fut adopté, après qu'il se fut adressé au poète et essayiste versaillais, Jean Despert. De Gaulle voulait l'appeler Versailles ou Val de Seine...

Ce mot dérivé de ivelina, provient probablement du latin silva aequilina,  "forêt gorgée d'eau". Cette appellation était attribuée à l'antique forêt des Yvelines qui ceinturait Paris et dont la forêt de Rambouillet, d'où rayonnent la plupart des cours d'eau qui irriguent ce territoire est un vestige.  Et pour caractériser un espace régional traversé par 700 rivières et cours d'eau, y avait-il terme mieux choisi?

samedi 2 juillet 2011

Enigme 22


Quel recueil  de poésie vous évoque ces deux images? Comme d'habitude, si le coeur vous en dit, vous pouvez envoyer vos réponses à xtinemer@gmail.com avant dimanche soir, 20 heures. Passez un bon week-end!

              








Réponse:
Les quatre participants, Pierre, ZapPow, Catherine et Stéphanie ont gagné! Bravo et merci de votre fidèle participation.

Il s'agissait du Parti pris des choses, de Francis Ponge.
Bonne semaine à vous!