Il est le réalisateur du Cercle des poètes disparus mais ce n'est pas de ce film que je voudrais parler. Non, le film de cet australien, que j'ai revu il y a peu et que je trouve très fort, c'est The Truman Show qui date de 1998.
Le sujet ? La télé-réalité . Vaste programme!
Le scénario: un type d'une trentaine d'années mène une vie plutôt heureuse dans une cité "joyeuse" où les maisons toutes plus proprettes les unes que les autres, abritent des habitants amènes, serviables, sans problème particulier, sans sentiment belliqueux ni revendicatif . Le meilleur des mondes possibles, en somme. Sauf qu'un jour, Truman (Jim Carrey), ce "héros"simple, modeste, qui ressemble à Monsieur Tout-le-monde commence à douter de ses congénères, de sa femme, de ses voisins, de cette vie trop parfaite. Il se sent observé: il voudrait bien réaliser son rêve, partir aux îles Fidji mais dans la si jolie petite île où il vit, ce rêve semble à tous incongru, angoissant et finit par lui être interdit. On lui met de "gentils" bâtons dans les roues et peu à peu Truman se sent prisonnier. Les téléspectateurs ne sont pas aussi dupes que Truman; ils savent que ce pauvre gars est la vedette d'un programme de téléréalité à très forte audience, sans que le principal intéressé le sache. Ils savent , ces spectateurs-personnages du film, que la société de production l'a acheté avant sa naissance - c'était un gosse voué à l'abandon- et que la télévision l'a suivi depuis son existence intra-utérine jusqu'à ces jours où il a le fort sentiment d'aller voir ailleurs. Nous, les "vrais" spectateurs, nous le découvrons peu à peu, tout comme nous entrons dans les cuisines d'une émission de téléréalité : c'est évidemment édifiant! Truman arrivera-t-il à s'échapper de cet univers en carton peuplé de figurants? Se décidera-t-il à quitter un monde tranquille où il est un héros heureux pour entrer dans un monde sans pitié? Et que deviendront les téléspectateurs sans Truman?
Ce n'est qu'une fiction mais elle donne des frissons dans le dos. Nous connaissons tous les effets de ce type d'émission sur les individus qui la regardent : voyeurisme, abêtissement, décervelage, grossièreté, j'en passe. La métaphore de l'enfermement du "héros", assez habilement développée dans ce film, renvoie au propre enfermement du téléspectateur. Les participants à ces programmes de télé-réalité, enfermés dans des studios imitant le confort (le luxe?) sont-ils les seuls à l'être, enfermés, contre leur gré ?
L'ex-président de la société Endémol (créatrice du premier Loft Story) déclarait il y a quelques jours, sans une once de doute sur son visage, que "la télé-réalité est désormais totalement banalisée ". Ah oui? Cela veut-il dire que la télé-réalité ne rapporte plus autant, que les jeunes qui en sont les plus grands consommateurs n'en redemandent pas, qu'ils ne sont plus en état de confusion entre ce qu'ils voient et ce qu'ils vivent ou vivront? Aux USA et au Canada, la télévision donnait en pâture récemment la vie de l'homme le plus gros du monde...
Ce que je ressens, souvent, devant des ados captifs de ces programmes qui ont la peau dure, c'est que la télé-réalité a fait et fait toujours les mêmes ravages. Un enfermement d'esprit, inodore, incolore mais meurtrier. Comment le savoir et l'esprit critique qui s'acquièrent dans la douleur peuvent-ils faire le poids face au (pseudo) "vécu" des ces émissions animées par de "vraies" personnes?
La mystification a toujours de beaux jours devant elle... J'enrage!
La mystification a toujours de beaux jours devant elle... J'enrage!
2 commentaires:
The Truman Show est un film qui, mine de rien, secoue. Les dérives de la télé réalité sont telles, que le scénario ne semble pas si impossible, si fou que ça...
Ce que j'aimerais savoir, c'est d'où vient cette curiosité malsaine (à l'origine aussi du succès des réseaux sociaux comme facebook) qui touche de plus en plus de monde? Ce "vilain défaut" est en tout cas devenu un sacré filon pour faire du fric!
Marine,
Oui, effectivement la dimension financière n'est pas étrangère au succès de la télé réalité et/ou des supports qui s'y apparentent. Tout comme toi je m'interroge sur cette propension au voyeurisme. Remarque, c'est une excellente manière d'avoir la paix sociale!
Merci de ton passage et de ta contribution.
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