Virgile, un alter Homerus ? L'Enéïde, un décalque de L'Iliade et L'Odyssée?
Il y a de quoi y perdre son latin, effectivement. Ce grand poème de 10 0000 vers, composé de 12 chants, retrace les aventures du héros troyen Enée : son vieux père sur le dos, son fils à la main, il part pour fonder, selon les voeux des dieux, une nouvelle Troie, quelque part en Hespérie (Italie). Tout comme Ulysse, Enée erre avec ses compagnons, surmonte des épreuves, vit des aventures multiples et des sortilèges amoureux, séjourne au royaume des morts. Voilà pour les 6 premiers chants.Ensuite, dans les six derniers, on entend le bruit des armes, on découvre avec lui sur son bouclier, l'histoire de la ville qu'il va fonder, depuis Romulus et Rémus jusqu'à Auguste. Une épopée plagiat de L'Iliade et LOdyssée alors? Pas si sûr, tant les subtiles différences entre ces deux chefs d'oeuvre suggèrent une signification nouvelle. Car qu'on ne l'oublie pas, il faut chanter la gloire de Rome de ce premier siècle avant JC en l'associant à la prestigieuse Troie et diviniser l'empereur Auguste lui-même, en lui inventant une filiation avec Enée, fils d'Anchise certes mais aussi de Vénus! Ce n'est pas n'importe qui, cette déesse: c'est la fille de Jupiter en personne! Et quand on n'est que le petit-neveu du grand César, ce n'est pas rien d'affirmer qu'on sort de la cuisse de Jupiter! Il avait de quoi roucouler, notre Auguste, il entrait dans la légende. Une épopée de propagande donc? Oui, certainement, mais une épopée tout de même qui mérite le détour.
Lire L'Enéïde aujourd'hui? Oui, mille fois oui, à condition de trouver une bonne traduction propice à nous faire rêver car pour certains d'entre nous il reste le souvenir douloureux des versions latines...C'est ce qu'arrive à faire je crois l'éditrice Diane de Selliers dans une publication de 2009, que j'ai eu l'occasion de feuilleter il y a peu: la traduction en vers libres de Marc Chouet est agréable à lire et la reproduction des fresques de Pompéï, de peintures romaines, de mosaïques pour illustrer les épisodes de ce beau poème est remarquable. Un peu cher, mais quand on aime, on ne compte pas!
4 commentaires:
Ma première lecture, il y a quelques années, m'avait un peu ennuyé. Peut-être, mûri, devrais-je réessayer?
J'ai toujours préféré L'Odyssée parce que L'Enéïde ne m'a jamais été présentée avec beaucoup d'enthousiasme! Mais en voyant ce beau livre, en lisant quelques passages, je me suis dit que je retenterais bien le coup. Un peu comme toi, tu vois.
Notre prof de français (comme on disait alors) nous avait fait lire L'Iliade et L'Odyssée (1966 ? 67 ?...) et c'est l'Iliade qui m'avait beaucoup plus, davantage que l'Odyssée. Allez savoir pourquoi...
Quant à l'Énéïde c'est beaucoup plus récent, une dizaine d'années peut-être et dans le G.F de la bibliothèque municipale.
À dire vrai je l'ai lu parce que c'est le genre de titres dont on apprend qu'ils existent quand on a 12 ou 13 ans et à la fin on le lit pour savoir de quoi il retourne.
Mais quel piètre plaisir peut-on en tirer quand on n'est ni latiniste ni helléniste (pour les premiers) ?
Les hellénistes et le latinistes sont toujours heureux de lire de bonnes traductions, Flocon. C'est le cas pour l'ouvrage cité.
Enregistrer un commentaire