samedi 21 juillet 2012

Unisson

Ce roman, publié il y a déjà cinq ans, retrace l'histoire de  l'abbaye de Port-Royal-des-Champs, couvent de femmes, haut lieu du jansénisme, et qui fut, jusqu'à sa destruction en 1709 par Louis XIV, en butte à des vexations et des sanctions.

Quand je dis "retrace", ce n'est pas tout à fait exact car ne vous méprenez pas, ce live n'est pas un roman historique. Certes il se fonde sur une réalité historique, fruit de recherches documentaires nourries et intègres - qui nous pousse du reste à en savoir un peu plus sur Racine, Pascal et même sur ces débats théologiques autour de la grâce- mais il n'est pas que cela. Il est l'assemblage subtil, sensible et quasi charnel de onze voix  féminines qui toutes chantent à l'unisson cette aventure intellectuelle et humaine que fut Port-Royal. Ces voix parlent avec émotion, avec rage ou avec détermination  de l'expérience vécue dans cette abbaye : ainsi retrouve-t-on  la soeur de Pascal, moniale connue sous le  nom de Jacqueline de Ste Euphémie ("celle qui parle bien"),  la fille de Racine, Marie-Catherine, qui n'a de cesse  de comprendre son père ou plutôt ses balancements entre sa vie courtisane et sa foi: à sa mort  il souhaite être enterré à Port-Royal, un beau pied-de-nez au Roi Soleil...Des histoires intimes, fragmentaires, douloureuses, lumineuses se tissent alors à l'ombre de l'Histoire et ce tissage rend l'ensemble tangible, vivant.

Cette polyphonie de voix se combine à une variété de prises de paroles - monologues intérieurs, dialogues, paroles rapportées indirectement, récits à la 1ère personne-  et construit par des va-et-vient narratifs jamais pesants, toujours fluides,  l'existence de cette abbaye. Enfin, même si le lecteur connaît le sort qui fut réservé à Port- Royal,  il participe inconsciemment à la résistance des personnages qui lui ont survécu et qui tentent par la copie de documents très variés et évoqués discrètement, de conserver l'esprit de ce lieu devenu mythique.

L'écriture de Claude Pujade- Renaud se glisse dans toutes ces voix et donne au livre une sérénité. C'est son écriture qui réunit toutes ces voix et les fait précisément chanter à l'unisson. Un beau moment de lecture.

9 commentaires:

chri a dit…

On s'en moque un peu mais je l'ai eue comme enseignante à Paris VIII et j'aime son écriture mais je ne connais pas celui-là! Merci pour le projecteur, Christine.

Christine a dit…

Quel veinard tu fais! Pour avoir suivi les cours de la dame et pour ne pas connaître ce roman-là...

Catherine L a dit…

Je n'ai pas lu ce livre mais tu m'en donnes l'envie ! Merci Christine, pour cette note qui devrait me permettre de doux moments de lecture. Je n'ai jamais été déçue par tes propositions de lecture ! Je ne connais pas cette auteure, je m'en suis toujours méfiée à cause de son penchant pour la psychanalyse...

Calyste a dit…

Eh bien moi, je l'ai lu il y a quelques années, et je confirme le jugement de Christine.

Christine a dit…

Catherine,
On a parfois des idées arrêtées sur des écrivains ou des artistes mais les artistes évoluent. Nous, nous le devons aussi et c'est en les découvrant qu'on peut apprécier , confirmer ou infirmer les premières impressions qu'on a eues en entendant ou en lisant un entretien dudit artiste.D'autre part, notre pays a la sale habitude d'étiqueter tout le monde: cet étiquetage est souvent le fait de pseudo-journalistes spécialistes qui font de leurs impressions un dogme. Rappelle-toi Modiano, quand il passait à Apostrophes: il n'était pas télégénique du tout, et sa parole, plus lente que sa pensée, en plus d'inaudible était sans cesse hachée. Or Modiano, qu'on l'aime ou non, est un écrivain talentueux.
Ce roman-là mérite le détour et qu'on lui consacre du temps.

Christine a dit…

Merci Calyste et ravie que tu aies aimé ce petit livre passé assez inaperçu.

Catherine L a dit…

En fait, c'est surtout une over dose de la culture de la psychanalyse dont la littérature française est "envahie"... Et les journalistes l'amplifie sans modération... Je peux en témoigner puisque jusqu'il y a encore peu, les journalistes censuraient lorsqu'on osait critiquer la psychanalyse. Dans les romans, ça passe mais dans la vraie vie c'est souvent une destruction. On ne va pas faire débat ici, tu sais ce que j'en pense. Je vais lire ce livre, je peux faire la part des choses entre belle écriture et culture psyk et prendre ce qui m'intéresse !

Christine a dit…

Oui Catherine, je connais bien ton point de vue et le partage. Je sais aussi que tu sais reconnaître le talent...

Anonyme a dit…

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