Sur les hauteurs de Poissy loge la Villa Savoye, une des constructions les plus représentatives du célèbre architecte Le Corbusier , qui clôt le cycle de ses villas blanches.
C'est en 1928 que les Savoye achètent à Poissy un terrain de sept hectares dominant la vallée de la Seine. Ils demandent à l'architecte en vogue de l'époque de leur réaliser une résidence de villégiature. Le Corbusier en est à la construction de sa douzième réalisation architecturale : le terrain acquis par les Savoye lui plaît. Aucune contrainte ne le bride, le terrain est plat. Il applique à cette villa ses "cinq points d'architecture moderne": les pilotis, le toit jardin, le plan libre (dégagé des murs porteurs), la façade libre (distinction de la façade et de la structure), la fenêtre en longueur (accès accru à la lumière).
Les Savoye, qui sont riches et sans a priori acceptent les plans et la villa est achevée en 1931.
Les Savoye passeront peu de temps dans cette résidence, entre 1931 et 1940. Si la grandeur des pièces, leur fonctionnalité, leur luminosité plaisent à ce couple, ils déchantent très vite: les huisseries utilisées -si révolutionnaires soient-elles- sont d'un matériau de mauvaise qualité. Le vent et la pluie s'engouffrent dans les pièces par les fenêtres. Le toit terrasse n'offre pas une étanchéité à toute épreuve et Madame a souvent sa salle de bain inondée... par des ruissellements continuels du plafond. L'isolation ne peut que laisser à désirer : l'hiver, les Savoye crèvent de froid et l'été, de chaud. Ils intenteront des procès à Le Corbusier pour malfaçon mais que pouvait-il contre l'inadéquation entre les matériaux utilisés et sa conception révolutionnaire?
Je l'ai visitée il y a peu... et cette maison est toujours très inventive. Par un beau jour de printemps, le soleil inonde de vastes pièces qui donnent toutes sur un parc, désormais réduit à un hectare, et sur la Seine qu'on aperçoit en contrebas. C'est une maison "transparente", bien desservie, pratique; les pièces les plus petites sont bien conçues. Le solarium, les courbes, les escaliers donnent à cette villa qui a bien failli disparaître - expropriation des Savoye en 1958, construction d'un (affreux) lycée sur les six hectares de la propriété, utilisation de la villa comme Maison des jeunes et de la culture- l'idée d'une époque créative et avant-gardiste.
Le Corbusier n'a pas eu cette réussite dans tous ses projets: que reste-t-il de la Cité radieuse de Marseille? Un musée qui attire des touristes et "exerce, paraît-il, un nouvel attrait sur une population de cadres et d'intellectuels".
L'association "cité radieuse" est aujourd'hui un oxymore dépourvu de poésie...
A propos de La Cité radieuse, voici une vidéo proposée par Chri
A propos de La Cité radieuse, voici une vidéo proposée par Chri
8 commentaires:
???
http://www.youtube.com/watch?v=vhbcceKXX5U
Un village dans la grande ville, un rêve de bâtiment collectif, une utopie... réelle!
Bravo pour l'oxymore!
Aujourd'hui on n'emploie plus le mot "cité" qu'au pluriel...
Je comprends ton étonnement Chri et un grand merci pour l'extrait de cette émission (dont je n'ai pu visionner la totalité pour cause de blocage intempestif).
J'ai bien pris soin d'écrire dans mon billet "paraît-il" et de mettre un lien vers Wikipédia. J'ignorais que cette Cité était encore habitée... Wikipédia m'a en quelque sorte "trompée". Encore que...
Comme le montre l'extrait de la vidéo dont tu as donné le lien, cette "maison du fada" (expression contre laquelle s'offusque un des habitants de la Cité et on le comprend!)est encore habitée, mais par qui?
Ce que j'ai voulu dire, en fait, c'est que Le Corbusier , dans cette après-guerre où notre pays comme d'autres -puisqu'il y a aussi par exemple une des cinq cités radieuses implantée à Berlin- a eu l'idée de loger vite et bien beaucoup de gens aux ressources modestes. Il a eu en effet la géniale idée de créer ce village vertical, au milieu des champs et de terres maraîchères. Mais hélas- mille fois hélas!-la Cité radieuse n'a pas eu de descendance mais des contrefaçons (je ne sais quel terme employer au plus juste) qui aujourd'hui sont les lieux privilégiés du mal-vivre, du mal-loger, du mal-être. La Cité est devenue sur des milliers de commune un pluriel "Les cités"- comme le dit Pierre, et adieu calme et volupté!
Les habitants de la Cité radieuse de Marseille ne me semblent ni fauchés, ni chômeurs, ni ghettoïsés... Et cette seule donnée sociale me fait dire que La cité est devenue un lieu de bobos, un de plus! qui doit sans doute faire retourner dans sa tombe le créateur génial de ce vouable projet, largement dévoyé dans les années qui ont suivi.
Sur que la radieuse cité n'est pas une téci de base, étage!
http://www.youtube.com/watch?v=KZMw-yM14RQ&feature=related
Je vais mettre en ligne une des deux vidéos (j'hésite) ou les deux! (quand on aime on ne compte pas). Ce qui est intéressant dans le deuxième lien envoyé, c'est que les gens de l'époque étaient réticents et que c'est les administrations de l'époque, donc l'Etat, qui a proposé à ses fonctionnaires de venir y loger. les gens les plus modestes ont été donc très réfractaires à cette construction: comme quoi, la connaissance de l'art et le fait de l'apprécier passe toujours pas une éducation que l'école doit prendre en charge. A ce propos, je suis ravie que désormais au Brevet national (fin de 3ème) figure désormais l'option "Histoire des arts", à un beau coefficient. Ce n'est pas grand-chose mais c'est déjà ça!
Quand je vivais à Marseille, j'ai eu l'occasion de la fréquenter de près, la radieuse et j'y aurais volontiers habité... Il y règne (ait) une ambiance toute particulière
Les quelque rares souvenirs que j'ai de Le Corbusier (à la télé) sont ceux d'un acariâtre tendance terroriste intellectuel et cela ne me l'a jamais rendu d'emblée sympathique. Un peu comme André Breton.
Bon ce sont des perceptions quand j'étais ado alors ça n'a guère d'intérêt. Peut-être était-il le plus charmant des hommes après tout?
Il avait nommé La cité radieuse une usine à vivre. On pensait comme ça au sortir de la guerre quand Le Havre ou Brest étaient reconstruites de façon industrielle car on n'avait guère le loisir de se poser des questions.
A présent ça fait froid dans le dos le concept d'usine à vivre. Cela a engendré Sarcelles et les cités dortoirs, ces contrefaçons que vous évoquez.
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"la connaissance de l'art et le fait de l'apprécier passe toujours pas une éducation que l'école doit prendre en charge".
Et comment! 95% des parent sont incapables de faire cette éducation. Pas leur faute, ils ne savent pas et les gosses passent leur temps à s'imbiber des c..neries que diffusent les télés à l'échelle industrielle.
Peu en réchappent et infligent la même "éducation" 20 ans plus tard à leurs rejetons.
Cela fait une éternité que j'ai prévu de visiter la villa de Poissy...
Je passe régulièrement à côté et je n'ai toujours pas trouvé le temps de m'y arrêter !
Un jour ... J'espère... Il fait partie des rares architectes que je connais un peu...
Cela fait un moment aussi que j'ai envie d'aller voir la chapelle "Notre Dame" de Ronchamp !
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