A Jacqueline qui m'a vachement éclairée...
Voilà un mot que je ne pouvais pas esquiver dans mon abécédaire, non seulement parce ma région en regorge -encore que ce soit davantage la Basse Normandie- mais parce que du point de vue de la langue, la vache a produit un "champ" de vocabulaire, amusant, varié, historique, argotique très impressionnant!
"La vache" cet exclamatif n'a de secret pour aucun d'entre nous! C'est bien de la surprise, voire de l'admiration que traduit cette exclamation qui désarçonne bien des étrangers qui viennent étudier ou travailler en France. En découle l'adverbe "vachement" utilisé à partir des années 30 dans le sens de "très, beaucoup" en concurrence avec "vachtement" et même avec "vachte", adjectif réinterprété en adverbe "C'est une vachte de belle bagnole"... Mais le "vachement" de notre jeunesse a bien foutu le camp, il est aujourd'hui supplanté par l'agaçant "trop"!
Bien sûr, il y a les "vacheries", qui ne désignent plus, depuis belle lurette, les troupeaux de vaches (XIIème siècle) ou les étables à vaches (XIVème siècle). "Vacheries", donc pour veuleries, car "vacher", un verbe employé par Flaubert signifie "être lâche", puis "vacheries" pour désigner des personnes méchantes ou des situations désagréables , avant d'arriver à ces objets de mauvaise qualité, sur le modèle porcin de "cochonneries".
Il y en a tant d' expressions qui renvoient à cet animal mal vu dans notre société, mais sacré en Inde! Qui ne connaît pas "pleuvoir comme vache qui pisse", "manger de la vache enragée", "être une peau de vache" (déguisée en fleur), "être une vache à lait", "donner un coup de pied en vache", "dormir comme une vache". On préfère le "plancher des vaches" au ciel (sauf le septième évidemment), on vit mieux en période de vaches grasses qu'en celle de vaches maigres! Il y a aussi la vache qui ne retrouverait pas ses petits, celle qui regarde passer les trains! Sans parler de l'expression qui recommande à chacun son métier et les vaches seront bien gardées! L'amour vache, la vache folle, la queue de vache, la vache à lait... pauvre bête!
Mais je vous laisse le meilleur pour la fin. Je suis vache? Je le sais!
L'expression Mort aux vaches a une drôle d'histoire: ce n'est pas la phrase dite par un farfelu qui en voulait aux vaches! D'ailleurs les vaches sont bien plus avenantes que les flics car on connaît le sens de cette expression qui en veut à tout ce qui porte uniforme. Non, tout cela n'a rien à voir avec les bonnes grosses vaches (ces trois derniers mots m'exposent à vos critiques, tant pis! Les vaches, elles, me comprennent). Non, donc! En fait l'expression remonte à 1870, l'époque de la guerre franco-prussienne. A Paris sur les postes de gardes allemands était écrit le mot WACHE, qui veut dire "garde", "sentinelle". Comme le Français n'est pas très doué pour les langues - c'est vachement raciste ça, mais bon passons!- et qu'on ne peut pas dire qu'ils portaient à l'époque un amour fou pour l'occupant, que croyez-vous qu'il arriva? Wache devint vache et comme ce fut facile, à chaque fois qu'on passait devant un de ces postes de s'exclamer (ou de dire entre ses moustaches) "Mort aux vaches"! Plus tard, cette expression devint un slogan anarchiste, une façon de se refaire une (noble) virginité.
Ainsi donc les vaches , qui en 1870 paissaient et ruminaient tranquillement dans la plaine de Nanterre, furent mêlées contre leur gré, à une sordide histoire de règlements de comptes entre deux peuples. A la même époque, on désignait aussi les Allemands sous le nom de "cochons" (voir la nouvelle de Maupassant Le Cochon de St Antoine). Pendant la guerre suivante, ce sera le tour des doryphores, bien moins sympathiques, je vous l'accorde, que nos douces ruminantes... Une histoire vache, en somme!
Ainsi donc les vaches , qui en 1870 paissaient et ruminaient tranquillement dans la plaine de Nanterre, furent mêlées contre leur gré, à une sordide histoire de règlements de comptes entre deux peuples. A la même époque, on désignait aussi les Allemands sous le nom de "cochons" (voir la nouvelle de Maupassant Le Cochon de St Antoine). Pendant la guerre suivante, ce sera le tour des doryphores, bien moins sympathiques, je vous l'accorde, que nos douces ruminantes... Une histoire vache, en somme!
10 commentaires:
Cette note meuh ravi!
"Une vache, c'est rien qu'un tas d'ennuis dans un sac de cuir." C'est un cowboy qui a dit ça, dans le film… Les cowboys.
Un site incontournable, et vachement intéressant !
Aurons-nous droit au veau, qui, si l'on en croit Brecht, est meilleur que l'homme ?
Et, à propos du "mort aux vaches", quid du "vingt-deux".
Tu as toujours le mot juste, Chri!
ZapPow,
Eh bien! Un site d'adorateurs de vaches! Mazette. J'ai lu avec attention les dictons: il y a même des photos à commander, ou des timbres et des reportages. Un site qui réhabilite 'image de la vache, enfin!
Le veau, c'est une idée... à creuser. Pour Vingt-deux, j'ai déjà quelques pistes...que je vous réserve le 22 du mois. Il faudra être patient!
>>Une vache, c'est rien qu'un tas >>d'ennuis dans un sac de cuir.
http://tinyurl.com/7bamz6e
http://tinyurl.com/7s24efz
-Jan
CDN
Je parle anglais comme une vache espagnole !Pet-être qu'avec une vache qui rit dans la bouche, mon accent serait meilleur ?
J'ai une amie qui dit souvent avoir passer son enfance au cul des vaches et qu'elle a grandi au lait de vache...
Il y a aussi l'histoire d'Yvonne qui a fait une vache d'évasion...
http://www.lepoint.fr/insolite/une-vache-bavaroise-evadee-qui-defrayait-la-chronique-a-ete-retrouvee-01-09-2011-1369072_48.php
Ici aussi on parle de vaches. Elles ont décidément le vent en poupe (n'y voir aucune allusion, SVP) :
http://www.pensezbibi.com/?p=11060
Les Ruminants et Ruminances auxquels il est fait allusion dans les commentaires sont, pour le second, un blog, et pour le premier les commentateurs dudit blog, où l'on ne parle pas de vaches.
Qui l'eût cru, Jan! L'expression prend un sens propre et à quel prix!
Merci de votre passage. Je sais combien vous ne manquez jamais d'humour! Bienvenu ici!
Les gants ne sont pas mal non plus.
Une jolie fleur dans une peau de vache... une main de fer dans un gant de velours. Il y a là une belle analogie!
Catherine et ZapPow, je ne peux prendre pleinement connaissance de vos commentaires pour l'instant. Je vous fais signe dès que je peux...
ZapPow,
Les ruminations du blog politico-satyrique Ruminances ne manquent pas de conviction, ça fait du bien!Croyez-vous vriament qu'on n'y parle pas de vaches?
Quant à Pensezbibi, les vidéos m'ont fait beaucoup rire! Elles sont "trop", comme certains disent aujourd'hui! Et puis, citer Julie Depardieu et Nietzche dans le même billet, c'est chapeau!
Catherine,
Une vache qui sait être vache et qui em... le monde, voilà qui force le respect. Quelle affaire!
Une des blagues que les enfants font est:
"De quelle couleur est le lait?" On répond évidemment blanc.
Et quand ils enchaînent la question: "Que mangent les vaches?"
Il y en a toujours un pour tomber dans le panneau et dire "Du lait"!
Contente que "mes" vaches aient été l'objet de commentaires pertinents et drôlatiques. En leur nom, je vous remercie!
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